Contre la balkanisation du nuage

Fin janvier 2009, après un an d’existence et 6 mois de tests, la start up Zimory présentait officiellement sa place de marché dédiée au cloud computing. L’idée est simple : mettre en relation les offreurs et les demandes de ressources informatiques (puissance de calcul, stockage…), Zimory se chargeant de l’administration. Zimory se défend d’être un concurrent d’Amazon, mais se présente plutôt comme un intermédiaire et se rémunère sur la facturation des ressources mises à disposition et la gestion des machines virtuelles. Mais le plus marquant dans son offre, c’est sa volonté d’ouverture maximum. Ainsi, la jeune entreprise propose deux types d’appliances, l’une sous Windows, l’autre sous Linux et devrait reconnaître, à terme, tous les hyperviseurs (gestionnaire de virtualisation) du marché (Citrix, VMware, Red Hat pour le moment, Parallels et Microsoft dans un deuxième temps). Enfin, les couches applicatives reposent sur des technologies libres (Linux, Appache, MySQL et PHP). Spin of de Deutsche Telekom Laboratories, Zimory compte T-System et Deutsche Post comme premiers clients. Cette approche est très intéressante et permettrait une véritable interopérabilité dans le domaine des infrastructures sur le nuage. Car, en dépit de belles promesses, les grands acteurs de l’informatique veulent verrouiller ce nouvel ecosystème. Cela a commencé, par les pure players Saas, avec l’apparition des Paas, donnant, certes, la possibilité de développer ses propres applications en mode Saas, mais sous condition d’utilisation des langages maison comme Apex pour Salesforce. Même Google et son AppEngine, dont on vient de connaître les conditions tarifaires, n’est pas vraiment libre et ses utilisateurs ne peuvent pas connaître les arcanes des codes sources utilisés. D’ailleurs, le géant de Moutain View s’est associé à … Salesforce pour tenter de contrer Amazon qui multiplient les partenariats, avec IBM notamment. Et que dire d’Azure de Microsoft ? Ce recours à des technologies propriétaires risque d’entraîner une balkanisation du nuage et de reproduire, à l’échelle du réseau, l’empilement de systèmes d’information hétérogènes que l’on trouve dans les grandes entreprises, où les problèmes d’intégration atteignent souvent un niveau de complexité difficilement gérable, et s’avèrent très couteux. Les solutions de type Zimory devraient permettre de migrer, facilement, de nuages en nuages, en fonction des ressources disponibles, sans soucis quant à la compatibilité des technologies utilisées. Mais Zimory, pour utile et pertinent que soit son business modèle, est un intermédiaire de trop. L’adoption de langages ouverts et de technologies interopérables à la source faciliteraient les choses et supprimeraient les intermédiaires. C’est ce que semblent avoir compris certains aceturs comme IBM ou Sun. Canonical vient également apporter sa pierre à l’édifice d’un nuage libre avec l’annonce, pour octobre prochain, de sa distribution Ubuntu dédiée au cloud computing, proposant notamment des outils pour gérer les API d’Amazon EC2. Pour d’autre, l’évolution de l’informatique devrait continuer à s’appuyer sur des formats propriétaires et des clients captifs. Il faut espérer que l’histoire ne bégaye pas.

Christophe Quester

Cassiopress pour la Lettre du SaaS/ASP

Top