Lors du dernier IDC Forum, Jason Waxman, le responsable des serveurs haute densité chez Intel, émettait un doute sur le cloud computing à la portée de toutes les entreprises. Son argumentation, largement recevable, était basée sur la faiblesse des gains de productivité retirés du cloud computing pour des entreprises déjà en pointe dans le domaine de l’infrastructure informatique. Mais, et c’est là que se situe souvent la confusion des genres, les entreprises en pointe ont souvent adopté une infrastructure dont l’architecture reprend les principes du cloud computing, à savoir mutualisation des ressources et absorption des pics de production par le biais de la virtualisation, centralisation de la maintenance et uniformisation des technologies employées. Bon nombre d’analystes et de journalistes voient dans les offres de cloud computing un bric à brac hétéroclite dispersé sur les cinq continents et sans réel contrôle sur les différents éléments le composant. Une vision un peu biaisée de la réalité. Les cadors du cloud computing sont justement ceux qui ont su se doter d’une infrastructure pour leurs propres besoins et qui ont décidé d’en faire profiter d’autres. C’est le business model d’Amazon qui a su rebondir quand eBay peine à se transformer. Le nuage de ces cadors est loin d’être hétérogène, même si la composante réseau s’appuie sur l’offre de différents opérateurs. Et c’est un peu le maillon faible du concept. A ce propos, des opérateurs comme Akamaï surfent sur cette vague, mais, fondamentalement, leur offre n’a pas variée, elle repose sur l’optimisation du transport des données sur des réseaux hétérogène. Akamaï propose donc son propre réseau, avec un niveau de qualité de service qu’il sait être en mesure de tenir.
La confusion vient de ce fantasme tenace du système d’information patchwork, créé ex nihilo, c’est-à-dire sans ressources en interne, uniquement des utilisateurs qui iront piocher une application chez Google, une autre chez Salesforce, une autre encore chez IBM ou, plus improbable, chez SAP. Là effectivement se poseront inévitablement des problèmes d’intégration, de sécurisation des données et de réglementation quant à la détention de ces données. Mais ne confondons pas Saas et Cloud computing. Les deux ont leurs qualités intrinsèques et leurs axes d’amélioration. Quoiqu’il en soit, les offres de cloud computing se construisent et sont en phase de maturation. Elles offrent aux développeurs, des possibilités toujours plus étendues. Ainsi, Google Apps Engine supporte désormais java, Microsoft assure la prise en compte de php dans son écosystème Azure. Mais la majorité des analystes préfèrent se poser des questions existentielles au sujet de la sécurité ou de l’intégration, questions qu’ils se posent certainement sur les systèmes de trading boursiers ou de réservation de billets d’avion qui fonctionnent, eux, depuis longtemps sur un modèle de cloud computing.