« Le rôle du système d’exploitation a changé : il ne s’agit plus de connecter les gens à leurs applications ou en local, mais de les connecter au cloud et de les aider à naviguer dessus, » déclarait Tariq Krim le 16 avril dernier au quotidien espagnol El Païs. Dans cette interview, le fondateur de Netvibes annonçait la date de lancement, durant l’été, de la version beta de son OS Jolicloud, qui comme son nom l’indique, utilisera les ressources du cloud computing.Jolicloud est spécifiquement conçu pour les notebook, ces ordinateurs ultra-portables, ayant renoncé à la « course à l’armement » en termes de puissance et d’équipements. La majorité des ressources sera située sur le réseau, ce qui permettra encore d’abaisser leur coût. De là à dire que toutes les entreprises équiperont leurs personnels en notebook pour abaisser leurs coûts informatiques, il n’y a qu’un pas … que je ne franchirai pas. Mais, force est de reconnaître le cloud computing, et son corollaire, le Saas, se parent de vertus économiques toujours plus nombreuses aux yeux d’entreprises dont les capacités d’investissements ont été fortement réduite. Et pourtant, l’informatique est un levier de plus en plus puissant de leur compétitivité, incontournable même. Ainsi Alan Boehme, senior vice president and head of IT strategy and enterprise architecture de ING Financial Services avouait, le 16 avril dernier dans une interview à Network World, consulter tous les grands acteurs du Cloud computing, Amazon, Google, Salesforce, Gogrid et tester de nombreuses solutions. L’infrastructure d’ING Financial Services, si elle n’est pas gigantesque repose tout de même sur près de 3000 serveurs et quelques 900 routeurs. Bien évidemment, le cloud computing n’est pas une solution monobloc et le basculement sera très progressif, mais, à terme, une partie du système d’information de l’entreprise sera sur un nuage, mieux sur des nuages interopérables. C’est ni plus ni moins la vision de Bob Kelly, directeur marketing Infrastructure Server chez Microsoft, qui affirmait, lors du dernier MMS (Microsoft Management Summit), fin avril à Las Vegas, que « rares seraient les entreprises à disposer d’une informatique s’appuyant totalement sur des fournisseurs de clouds publics, ou celle se contentant exclusivement de leur infrastructure interne. » L’interoperabilité, le (gros) mot est lâché, l’arlésienne de l’informatique depuis des dizaines d’années, le graal des DSI, l’ennemi juré des éditeurs de middleware, l’interopérabilité semble enfin devenue une priorité. Témoin les associations, consortium et autres groupements d’intérêt qui n’ont plus que ce mot là à la bouche. Morceaux choisis : fin avril le DTMF (Distributed Management Task Force – regroupant 160 acteurs de l’industrie informatique) annonce la création d’un groupe de travail chargé de réfléchir aux besoins en matière de standard ouverts de gestion de l’informatique de calcul distribuée en mode virtualisé, le « Open Cloud Standards Incubator ». Quelques jours plus tôt, le SNIA (Storage Networking Industry Association, organisme professionnel fédérant des constructeurs et des utilisateurs) avait créé un groupe de travail "cloud storage" dont « la charte initiale prévoit la réalisation d’un ensemble de spécifications en vue de favoriser l’intéropérabilité des standards d’interface de cette "nouvelle technologie. » Beaucoup de bonnes volontés donc mais manquent encore à l’appel les principaux concernés comme Amazon ou Google. Une absence qui jure dans le tableau idyllique de cette concertation à tout crin, ou reflète leur indifférence à cette supposée effervescence. A titre d’exemple, Amazon vient d’annoncer supporter désormais le serveur d’application Glassfish Java de Sun… qui sera en compétition avec JBoss Enterprise Application Platform et Oracle WebLogic Server.