Didier Lambert, DSI d’Essilor

Président du Cigref jusqu’à il y a peu, DSI du groupe Essilor, Didier Lambert se trouve au cœur des évolutions informatiques au sein de l’entreprise et de la société. Le point sur ses convictions et ses paris d’avenir. Comment voyez-vous l’avenir du SaaS ?

Pour moi, l’horizon du SaaS est dégagé ! Deux étapes ont déjà été franchies : d’abord, les centres informatiques qui fonctionnaient jusque-là en interne ont été externalisés, il y a de cela plusieurs années. Aujourd’hui, la virtualisation a fait une partie du chemin, et le SAAS est en période de test. Même les grandes sociétés se rendent compte qu’elles n’ont pas intérêt à garder la gestion de leurs centres de calcul chez elles. Le virage se fait nettement en faveur des facilités de management, et l’impact de la mutualisation fait effet : avec un prestataire externe, les coûts baissent et on enclenche un cycle vertueux.
Comment s’est négocié ce virage, selon vous ?
Le SaaS fait aujourd’hui l’objet d’une vraie reconnaissance. Preuve en est la grande application SAAS qu’est Google Search ! Après l’outsourcing classique, les entreprises acceptent désormais de partager leur infrastructure technologique avec d’autres sociétés. En ce sens, je pense qu’Amazon est le premier d’une longue série. D’autant que sur ce créneau, les nouveaux joueurs viennent d’univers qu’on ne soupçonnait pas, lui donnant une nouvelle crédibilité. D’ailleurs, Microsoft se retrouve un peu à la traîne dans ce domaine.
Pensez-vous que l’Europe rattrapera son retard par rapport aux Etats-Unis dans ce domaine ?

Les offres RP d’Oracle avec contrats de services n’existent pas en Europe, alors qu’elles sont proposées aux Etats-Unis. En ce sens, il existe un décalage entre les deux continents. Mais cet écart a tendance à diminuer sous les effets de la globalisation. De toute façon, on assiste aujourd’hui à une tendance lourde, de fond. La prochaine étape consistera à savoir bien intégrer les SAAS dans un système. On pourra percevoir les résultats de cette approche révolutionnaire dans une dizaine d’années : les grands comptes commencent à engager des investissements importants, et ce sont eux qui valideront le processus. Cela change plus vite du côté des PME, et c’est bien normal : si je devais monter une PME demain, je n’aurais certainement pas de salle informatique !

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