Au-delà du SaaS, le PRaaS, PRocess as a Service

par Louis Nauges

président de Revevol

Encore un acronyme en aaS ! Un de plus ! Pourquoi ?

C’est ce que je vous propose d’expliquer dans les lignes qui suivent.PRaaS, PRocess as a Service : un essai de définition

La lecture d’un texte récent, sur l’excellent blog de mon ami Phil Wainewright, que connaissent bien les lecteurs de cette lettre, a été le déclic qui m’a aidé à formaliser une idée sur laquelle je travaille depuis quelques années.

www.ebizq.net/blogs/connectedweb/2009/07/thinking_beyond_saas_as_we_kno.php

Dans son texte “Thinking Beyond SaaS As We Know It” (en réfléchissant au-delà du SaaS tel qu’on le connait”), Phil présente une entreprise, “Service Channel”, qui propose, comme un service sur le Cloud, la gestion complète d’un processus complexe, la sous-traitance de l’externalisation de l’entretien des bâtiments professionnels d’une grande entreprise.
Quelles sont les compétences nécessaires pour créer “Service Channel” ?

– Une équipe d’informaticiens pour construire ce service sur le Cloud, oui, bien sûr, mais… ce n’est pas le plus important !

– L’essentiel, c’est une équipe de professionnels de ces métiers, qui en connaissent toute la complexité, pour le modéliser et le commercialiser comme un “service” utilisable par des milliers d’entreprises.

C’est la base de leur compétitivité, comme on peut lire sur leur site Web : “Chaque membre de notre équipe a une connaissance approfondie des difficultés rencontrées tous les jours par les gestionnaires et les sous-traitants…”.
“Service Channel” est un exemple de ce que je propose de nommer….

PRaaS, PRocess as a Service.
Un PRaaS possède quatre caractéristiques :

– Un service disponible sur le “Cloud”.

– Une réponse complète pour gérer l’intégralité d’un processus.

– Concerne non seulement l’entreprise cliente, mais aussi des acteurs externes, clients, fournisseurs ou prestataires.

– Utilisable directement par les professionnels des métiers concernés, sans nécessiter l’intervention d’informaticiens de l’entreprise.
PRaaS, processiels et BPO (Business Process Outsourcing)
Promouvoir PRaaS, un concept de plus, dans notre monde informatique qui est déjà inondé de néologismes et de sigles, pourquoi ?
C’est, à mon avis, une innovation majeure, qui va profondément impacter tout le marché de l’offre logicielle des cinq prochaines années.
Un PRaaS se situe au confluent de trois mouvements majeurs actuels :
– BPO, Business Process Outsourcing. Depuis des dizaines d’années, les entreprises ont appris à externaliser des processus “Back-office” à des sociétés spécialisées, souvent dans des pays à faible coût de main-d’œuvre.
– Les Processiels, progiciels construits autour d’un processus, thème que j’ai traité dans mon blog.

nauges.typepad.com/my_weblog/2008/08/processiels-lalternative-entreprise-20-aux-pgierp-int%C3%A9gr%C3%A9s.html
– Le Cloud Computing, qui met à disposition des entreprises et des éditeurs de logiciels toute la puissance informatique dont ils ont besoin, à des coûts très compétitifs.
En combinant ces trois concepts, on peut construire un … PRaaS !
Un PRaaS, ou quand un BPO rencontre un Processiel sur le Cloud.
Je pronostique que des dizaines de PRaaS vont naître au cours des prochaines années, car l’offre et la demande de solutions ont tout à y gagner.
Commençons par l’offre, ce qui intéresse tous les lecteurs de cette lettre !
Une entreprise qui possède une forte expertise métier dans un processus spécialisé peut construire rapidement un PRaaS performant, qu’il sera possible de commercialiser à des clients dans le monde entier.

Amiando en est un bon exemple : cette société européenne a construit un PRaaS qui prend en charge toute la gestion d’un événement ou d’une conférence.

Il a déjà été utilisé pour plus de 50 000 événements, et le service est disponible en Français, Anglais, Allemand et Espagnol.

http://fr.amiando.com/
– Le Cloud fournit l’infrastructure informatique pour développer et héberger ces PRaaS, en libérant les éditeurs de PRaaS des contraintes de performances et d’investissements lourds dans des infrastructures informatiques spécifiques.
Pour les entreprises clientes potentielles de PRaaS, ces offres vont permettre à de très nombreux responsables “métiers” de trouver “sur étagère” des solutions industrielles, économiques, qu’elles peuvent déployer en quelques semaines.

Ceci signifie aussi que les éditeurs de PRaaS devront les vendre aux métiers et pas aux DSI !
PRaaS, un quatrième composant de la “nébuleuse” Cloud Computing
Un début de consensus se fait aujourd’hui dans le monde du Cloud Computing pour identifier trois éléments clefs :
– IaaS, Infrastructures as a Service : mise à disposition de ressources telles que serveurs ou capacité de stockage. AWS, Amazon Web Services, est aujourd’hui le leader de l’IaaS.
– PaaS, Platform as a Service : outils à la disposition des développeurs, pour écrire leurs programmes. Google App Engine ou Force.com en sont deux exemples.
– SaaS, Software as a Service : la brique la plus utilisée du Cloud. Bureautique 2.0, CRM et gestion des ressources humaines sont les grands principaux succès actuels du SaaS.
Aujourd’hui, la DSI est l’interlocutrice principale des acteurs du Cloud pour mettre en œuvre ces trois éléments du Cloud.
PRaaS, le quatrième composant du Cloud que je propose aujourd’hui, est le premier qui s’adresse directement aux responsables métiers d’une entreprise.

Ceci ne veut pas dire que la DSI ne peut jouer un rôle utile, en accompagnant les métiers et en aidant la solution PRaaS à dialoguer avec les applications existantes. Par contre, tout DSI qui veut ignorer l’existence de solutions PRaaS prend le risque de voir se développer une nouvelle génération “d’informatique fantôme”, mise en œuvre par les métiers sans en parler à la DSI.
C’est un tournant majeur dans la jeune histoire de l’informatique : pour la première fois, des solutions deviennent suffisamment “industrielles” pour que les responsables métiers soient capables de les choisir, déployer et utiliser directement,
Outils de construction de PRaaS
J’ai une autre bonne nouvelle pour les entreprises qui souhaiteraient construire des PRaaS : d’excellents outils pour le faire existent déjà !
Ces offres modernes, pour le Cloud Computing, sont encore très jeunes, mais pleines de promesses.

J’en citerai deux, françaises, qui proposent des approches différentes, et très complémentaires, pour construire ces processus “sur mesure” :
– RunMyProcess (RMP) : Vainqueur du concours SaaS 2009.

RMP permet de développer des processus qui s’appuient sur les solutions SaaS existantes dans l’entreprise. A titre d’exemple, Revevol a utilisé RMP pour automatiser la prise de commandes de Google Apps. (Remarque : Revevol est partenaire de RunMyProcess).
– Vdoc Software, de la société Visiativ. Cet outil permet de construire rapidement des PRaaS autonomes, qui pourront s’exécuter sur le Cloud. Je pense que cet outil sera utilisé en priorité par des consultants ou entreprises ayant une forte compétence dans un métier spécifique.
L’arrivée de PRaaS est une excellente nouvelle pour les entreprises utilisatrices de solutions informatiques.

Dans les cinq années qui viennent, l’offre de PRaaS couvrira, très bien, l’essentiel de leurs processus de soutien.
Ceci leur permettra de concentrer toute l’énergie de leurs équipes informatiques sur les seuls processus métiers, porteurs de compétitivité et de différentiation.

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