Novembre 2009, la Silicon Valley accueillait de nombreuses conférences qui faisaient la part belle au Cloud Computing.
La première conférence à laquelle j’ai participé était organisée par la SIIA (Software & information Industry Association) sur le thème :
«Driving revenues in a recovering economy».SIIA est avant tout un lieu de rencontres de l’offre de solutions ; j’en ai retenu quelques idées-forces, qui s’appliquent aussi au marché européen.
– Le Cloud est là pour durer. Je n’ai pas croisé une seule personne qui mette en doute la pérennité du Cloud Computing.
– Il y a urgence à s’y préparer, si l’on vient du monde du logiciel historique, «Pré-Cloud». IBM, Microsoft, Novell, Cast iron Systems, SAP…. étaient quelques-uns des représentants de l’informatique historique qui sponsorisaient cette conférence ou y avaient un stand.
– De nouveaux acteurs tentent leur chance sur le Cloud. Plusieurs séances étaient consacrées à des présentations de 5 minutes maximum par de jeunes sociétés proposant de nouveaux services Cloud, telles que Aha! Software, Clarizen, etouches, Gist, Kaulkin Information Systems, Longjump, Nolio, MarketBright, Smartvault, Widen Enterprises ou Zetta.
– La vente indirecte, avec l’aide un canal de revendeurs, devient la norme. Une session entière était consacrée à ce thème ; pour grandir vite, la majorité des fournisseurs de solutions SaaS/Cloud ont choisi de s’appuyer sur des réseaux de revendeurs.
– La majorité des éditeurs SaaS, américains, s’implantent très vite à l’international. Contrairement aux solutions traditionnelles, qui demandent des implantations géographiques lourdes dans chaque pays, il est possible de distribuer des solutions SaaS dans le monde entier avec des structures très légères, car l’essentiel des activités de vente, de démonstration ou de support peut se faire sur le Web.
Les marchés financiers… adorent le Cloud Computing.
C’est une excellente nouvelle pour toutes les sociétés qui font l’effort d’investir dans des solutions Cloud : elles seront très bien vues par Wall Street !
Brendal Barnicle, analyste chez Pacific Crest, a expliqué pourquoi, avec moult graphiques et tableaux de chiffres à l’appui.
Le point clef : la meilleure «prédictibilité » des résultats qui intéresse les investisseurs et explique qu’ils appliquent aux éditeurs SaaS des multiples plus élevés.
Ceci, couplé à un taux de renouvellement des contrats qui dépasse le plus souvent les 90 %, donne aux éditeurs SaaS un avantage à long terme déterminant sur les marchés financiers.
Si, en plus, les clients sont ravis et fidèles, tout est en place pour assurer la victoire finale, par KO, des solutions SaaS !
Conférence Sys-Con
C’était la quatrième conférence que Sys-Con organisait sur ce sujet en 15 mois, preuve s’il en est de la popularité croissance du Cloud Computing ; la dernière avait eu lieu à Prague, en mai 2009, et j’y avais aussi participé.
Deux mille participants, 120 conférences, 30 sponsors… Si je n’avais jamais eu le moindre doute sur l’importance du thème Cloud Computing, ces chiffres auraient suffi à m’en convaincre.
Autre signe fort de la crédibilité croissante du Cloud Computing, la moitié des sponsors du plus haut niveau, Platinum ou Gold, étaient de grands fournisseurs historiques, de l’époque «pré-cloud» : Unisys, Oracle, EMC et Intel.
Les trois messages majeurs que j’ai retenus sont :
– La complémentarité des clouds privés et publics.
– La spécificité des outils logiciels utilisés pour construire des grands Clouds publics.
– Le Cloud intéresse aussi des organisations telles que …. la CIA.
– Les clouds privés ont de l’avenir.
Unisys, sponsor platinum, avait «droit» à la séance d’ouverture et c’était Rich Marcello, Président de «Technology, Consulting & Integration Solutions» qui l’animait.
J’avoue que j’étais très curieux d’entendre le message d’Unisys sur ce sujet, car Unisys n’est pas le premier nom de fournisseur auquel on pense quand on entend Cloud Computing.
J’ai été très agréablement surpris de son exposé qui a clairement montré que les acteurs «historiques» de l’informatique ont un rôle important à jouer dans le Cloud Computing. Ils ont la possibilité d’accompagner leurs grands clients dans une migration «ordonnée» vers le Cloud Computing, les Clouds privés représentant la première marche de cette longue migration.
Si je devais retenir une seule idée de cette excellente présentation, ce serait :
Le Cloud Computing est une «évolution vers la révolution.»
(En tant que Président de Revevol, je ne peux que m’en réjouir, car la marque Revevol est la contraction de : «Révolution – évolution» !)
Il a terminé son exposé par cinq recommandations à l’attention des DSI des grandes entreprises :
– Regardez au-delà de la dimension coût quand vous pensez à un Cloud d’entreprise.
– Une entreprise n’a pas à réécrire ses applications pour migrer vers le Cloud Computing ; pour cela, il faut bien choisir son fournisseur.
– Les Private Clouds sont une voie d’entrée facile vers le Cloud Computing.
– Ne faites pas de la sécurité, la fiabilité ou la conformité des alibis pour ne pas mettre en œuvre des solutions Cloud Computing ; faites le nécessaire pour rendre possible cette migration.
– Ne sous-estimez pas l’avantage concurrentiel qu’il y a lorsque vous alignez vos objectifs informatiques et métiers en déployant le Cloud Computing.
– Les outils logiciels des Clouds publics : inconnus dans les informatiques d’entreprises !
Hadoop, PIG, MobStor, MapReduce, Traffic Server, Sherpa, YQL, Open Cirrus… Vous connaissez ? Vous maîtrisez ?
Ce sont quelques-uns des outils qu’utilisent Yahoo! et beaucoup d’autres leaders du Cloud Public, tels que Google, pour faire face aux demandes de leurs centaines de millions de clients.
J’ai retenu quelques chiffres lors de l’exposé d’un responsable technique de Yahoo!, et ils donnent le vertige :
– Plus de 20 data centers répartis dans le monde entier.
– 300 millions d’utilisateurs de Yahoo! mail.
– 600 millions de visiteurs uniques mensuels.
– 35 000 transactions/s gérées par chaque serveur Intel grâce à Traffic Server.
– 80 Petabytes de données stockés dans leur Cloud.
Pour traiter les volumes et la variété de ces données, les outils traditionnels, tels que bases de données relationnelles ou SQL sont totalement inadaptés. Yahoo! utilise son propre langage de requêtes, YQL, MobStor pour les très gros objets de plusieurs Gb, tels que les vidéos, Sherpa pour les données structurées…
En clair, la divergence entre les outils logiciels utilisés dans les «mega-clouds» publics et les «Clouds privés d’entreprises» va s’accentuer de plus en plus. Croire que ces deux familles de Clouds sont identiques au niveau des solutions techniques serait une grave illusion.
Les Clouds privés seront construits avec des outils logiciels traditionnels ; leur principale valeur est d’améliorer la performance des applications cœurs de métiers existants, sans devoir réécrire les logiciels.
Les Clouds publics ont impérativement besoin de nouveaux outils logiciels, Web natifs, capables de gérer des volumes inconnus dans les Systèmes d’Information des entreprises, même les plus grandes.
– Le Cloud Computing à la CIA
J’ai beaucoup aimé la présentation faite par la «CIO of CIA», en clair, la DSI de la CIA, sur la vision du Cloud dans cet organisme dont on peut penser que la sécurité fait partie des priorités fortes !
Que pour la CIA, le Cloud privé soit prioritaire vis-à-vis du Cloud public, personne n’en sera étonné, mais il était rafraichissant de l’entendre défendre avec autant d’enthousiasme le Cloud Computing.
– Cloud Computing, demain ?
S’il en était encore besoin, ces deux conférences à San Francisco m’ont renforcé dans ma conviction que nous n’en sommes qu’au début d’une révolution majeure, et que ce «Tsunami» prend tous les jours plus d’ampleur.
Ignorez-le, mais à vos risques et périls !
Louis Naugès
Président, Revevol