Les analystes à Dreamforce 2009

La conférence Dreamforce 2009 a rassemblé il y a quelques jours plus de 16000 personnes, dont Jeff Kaplan, fondateur et président de Thinkstratégies, Bruce Richardson, Chief Research Officer chez AMR Research, et Denis Pombriant, fondateur et président de Beagle Research Group. Voici un résumé de leurs analyses, notamment au sujet de la nouvelle idée de Salesforce: Chatter.

Dans son article sur la conférence, Jeff Kaplan souligne l’augmentation du nombre de clients Salesforce: 4 700 nouveaux clients sur le dernier trimestre, 31% de plus en un an ! Cette croissance est d’autant plus impressionnante que le secteur phare qui tirait la croissance de l’entreprise était celui des services financiers, qui n’a pas été au mieux l’an dernier.

Par ailleurs, la société Saugatuck voit dans cette conférence Dreamforce 2009 la confirmation de la volonté de Salesforce de pénétrer le monde de l’entreprise, non pas seulement avec ses outils CRM et ses offres de services Cloud, mais avec des outils pour l’ensemble de l’entreprise, grâce à la plateforme Force.com.
Selon Jeff Kaplan, « Saleforce.com a été conçu il y a 10 ans pour amener la facilité d’utilisation des sites Web consommateur au monde de l’entreprise, et cherche maintenant à appliquer la puissance des réseaux sociaux à l’entreprise, en annonçant Chatter. Etant donné que la première idée a débouché sur une aventure à plus d’un milliard de dollars, il sera intéressant de voir comment ce nouveau concept va alimenter la croissance de Salesforce.com, alors que certains analystes mettent en doute sa capacité à entretenir son succès passé. »
Selon Bruce Richardson, la manière la plus simple de décrire la nouvelle offre de Salesforce est de penser que Salesforce rencontre Facebook et Twitter, dans un réseau social privé et sécurisé.

« En voyant les démos, ma première réaction fut de me demander si cette application mettra Salesforce en concurrence frontale avec Google. Une offre comme Chatter serait une extension logique à Google Apps. Mais Chatter a un différentiateur unique: il est conçu pour le personnel des ventes, du marketing et des services client qui utilisent déjà Salesforce CRM. Chatter va transformer les 135 000 applications construites sur Force.com en applications sociales: c’est la fin des Intranets et du web périmé ».
Denis Pombriant est lui impressionné par l’habilité de Salesforce à être créatif et à toujours inventer quelque chose d’inattendu. « Chatter sera t’il un bon outil ? Nous n’en savons rien mais Salesforce a fait ce qu’il devait faire en annonçant une nouvelle grande idée à son assemblée de clients. Chatter pourrait être vécu comme une nouvelle moquerie vis à vis de SugarCRM et de Microsoft, qui ont raté leurs tentatives d’anticipation. »
Selon Denis Pombriant, « les clés du succès d’un média social sont les gens, le contenu et les applications. Les réseaux sociaux ne sont valables que si beaucoup de gens les utilisent (effet réseau) et que s’ils utilisent ces réseaux pour accéder à du contenu ou utiliser des applications. Si l’information dans votre entreprise est statique, stockée sur une partie du réseau inaccessible ou inconnue de la plupart des gens, elle n’a que peu d’utilité. (…) En plus de l’information stockée dans vos centres de données, il y a également l’information dans la tête des gens qui a une valeur potentielle forte et c’est cette information (ainsi que l’information sur cette information) que Chatter propose de stocker et de partager facilement.»
Après la deuxième journée, Jeff Kaplan relève que beaucoup d’analystes et de clients n’ont pas compris pourquoi Salesforce s’engage dans cette direction: ils ne croient pas que les employés vont abandonner les outils existants de réseaux sociaux ou en ajouter un à leur panoplie.

« Je pense pour ma part qu’il y a un argument solide pour un outil plus robuste et sécurisé, plus adapté et mieux intégré au monde de l’entreprise que Facebook et Twitter. Mais Salesforce va se heurter à des défis sérieux pour convaincre les clients et va devoir réaliser des investissements technologiques et commerciaux significatifs » conclut Jeff Kaplan.
Bruce Richardson confirme que Salesfoce va devoir franchir deux barrières majeures: les managers réfractaires et une compétition pléthorique. « Certains dirigeants pourraient voir cette application comme l’outil ultime de perte de temps pour leurs employés. Le marketing de Salesforce va avoir du travail pour vendre les avantages des réseaux sociaux pour apporter du vrai business. »

Concernant la concurrence, Bruce Richardson cite Sharepoint de Microsoft, qui n’est pas utilisé que pour sa fonctionnalité de réseau social, mais qui compte déjà 125 millions de licences et IBM qui annonce 1,5 million d’utilisateurs de Connections Platform, sa collection de fonctionnalités Entreprise 2.0.

En conclusion, Denis Pombriant cite George Soros: « Chaque bulle économique consiste en une mode et une idée fausse qui interagissent de manière réflexive ».

Les réseaux sociaux pour l’entreprise, concept à la mode, sont à coup sûr une bulle. Quelle sera l’idée fausse ?

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