Bruno Marty

Faire de l’informatique un outil et non pas un poste de charge Voilà l’idée qui taraude depuis tout jeune Bruno Marty. Cet homme volubile, au caractère bien trempé n’hésite pas à utiliser des images parlantes pour asseoir son discours « Pourquoi une entreprise qui fabrique des boulons devrait-elle avoir besoin d’un informaticien ? Il faudrait qu’elle puisse louer son poste informatique de la même manière qu’elle louerait des tables, des chaises, etc. » Du modèle ASP, Bruno Marty a toujours eut une vision très pragmatique. « Trop souvent les informaticiens ont des lubies qui visent juste à créer des modes éphémères. » Pas lui. Une fois son diplôme de l’Ecole supérieur d’informatique électronique automatique (ESIEA) en poche à l’âge de 24 ans, Bruno Marty met en place une GPAO dans une entreprise pour finalement se rendre compte que le salariat, ce n’est pas son truc. « J’ai un trop sale caractère et un réel problème avec l’autorité », avoue-t-il. Donc acte. C’est ainsi qu’à 29 ans, il créé sa toute première société. Une entreprise de facilities management ou gestion des infrastuctures informatiques appelée Micro Informatique Système. Son associé étant de Caen, la société s’installe là-bas. Pour lui qui est d’origine périgourdine et citadin en diable, le changement est brutal. « Je ne m’y suis jamais fait et les normands sont très difficiles à convaincre ! » Heureusement l’entreprise marche bien et très vite Bruno Marty créé une agence à Paris. Histoire de pouvoir s’oxygéner de temps en temps. Huit ans plus tard, la société est vendue à SodiFrance, une SSII travaillant principalement dans les secteurs Banque-Assurance et Administration-Défense. Pendant un an, Bruno Marty continue à travailler comme salarié dans l’agence parisienne avant de prendre ses clics et ses clacs. C’est alors qu’un vieux copain de promo, directeur commercial de TopLog puis de Progress Software, l’appelle pour lui dire qu’il a envie de créer une boîte. « A cette époque, je m’étais dit plus jamais ! », se souvient Bruno Marty. Malgré tout, l’envie de créer enfin quelque chose autour de l’ASP revient en force avec tous les avantages que ça représente. « D’un côté ça permet le travail à distance. Un consultant peut gérer trois clients en même temps. A distance, il peut en gérer sept. De l’autre ça décharge l’entreprise dont l’informatique n’est souvent pas le métier premier. » En novembre 2000, Michel Théon et Bruno Marty créent ainsi ASPAWAY et proposent ni plus ni moins que de l’hébergement d’applications à valeur ajoutée. « Nous surveillons les bases de données, toutes les couches OS. On contrôle les sauvegardes. On fournit la disponibilité des serveurs, le temps de rétablissement. En somme, tout le service autour des ERP d’une entreprise. » Si les promesses sont alléchantes, le succès d’ASPAWAY n’est pourtant pas immédiat. Les premières années sont difficiles : « N’importe qui d’intelligent se serait arrêté avant mais parce qu’on est têtu ou tout simplement orgueilleux nous avons jamais voulu baisser les bras. » La galère dure deux ans et l’entreprise décolle réellement en 2002. « Il faut dire aussi que beaucoup de gens confondaient Internet et ASP. Il a fallu évangéliser. Expliquer à nos clients que peu importaient le vecteur, pourvu que leurs données soient disponibles à tout moment. Que la sauvegarde et la sécurité, c’était notre job. » A ce titre, ASPAWAY fait le choix judicieux de choisir comme partenaire IBM pour l’hébergement de ses 300 serveurs. « Avec leur protocole de sécurité paranoïaque, certes ça nous complique la tâche mais le client est rassuré. » Depuis neuf ans, l’entreprise bénéficie d’une croissance de 15 à 20% par an. « Ce n’est pas démoniaque mais l’entreprise est financièrement saine avec 1,5 millions de trésorerie, un chiffre d’affaires de 6 millions et un portefeuille de 400 clients. » Il faut dire aussi que Bruno Marty est un accro au boulot. Même s’il avoue avec naturel et humour, avoir besoin de faire la bringue. « Je suis un fumeur, buveur, coureur, joueur…j’ai tous les vices ! » Après l’informatique, ses deux autres passions sont les voitures et les femmes. Mais mieux vaut ne pas le lancer là-dessus, l’homme est intarissable.

Sandrine Tournigand

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