Florence Desprets

Visionnaire de l’ASP et du SaaS, pour elle pas de doute : " il faudra pouvoir proposer des applications en mode hébergé ne serait-ce que pour répondre aux problématiques de réduction des coûts et de mondialisation auxquelles les entreprises seront confrontées"Regard d’acier mais sourire charmeur, Florence Desprets est une fonceuse qui n’a pas froid aux yeux. A 47 ans, elle en donne 35 à tout casser. Son secret de jouvence ? Du sport tous les jours. Déjà toute petite, Florence était accro. Après dix ans de danse classique, elle se met au cheval à l’âge de 14 ans. Puis commence la course et enchaîne les marathons. Vers 20 ans, alors qu’elle courre 20 km sans aucun problème, elle décide de préparer les championnats de France d’aérobic. Puis vient la mode du body-building. Elle commence la musculation avec un coach, alors vice-champion en body-building. « Jusqu’à 42 ans, je faisais 18 heures de sport par semaine en club », confie-t-elle. Aujourd’hui, son activité sportive se résume à une heure de vélo d’appartement tous les matins et à du footing les week-ends accompagnée de son chihuahua et son Jack Russel. Sportive dans l’âme, Florence Desprets n’a pas pour autant oublié de mener un parcours académique sans faille. Son père ingénieur dans les travaux publics la pousse à faire l’ENA, elle qui se serait bien vu pédiatre. Mais après des études de droit à Aix-en-provence ça sera au final Sciences Po Paris où elle choisit la filière Economie-Finance. Adieu l’ENA et une éventuelle carrière de fonctionnaire. « Ca n’a jamais été mon truc. » Après une maîtrise en droit fiscal et en droit des affaires, Florence Desprets débute sa carrière dans l’activité conseil d’Arthur Andersen et découvre un métier qu’elle apprécie. Tout se gâte, lorsqu’on lui propose une mission qui consiste à suivre l’informatisation de la bourse de Paris. Rien qu’en entendant le mot informatique, elle prend ses jambes à son cou. C’était pourtant l’époque où se créait Andersen Informatique. Née dans une famille de grands ingénieurs, avec un oncle docteur en physique nucléaire, un grand-père à l’Ecole des Ponts, Florence Desprets cultive une aversion pour tout ce qui est technique. « Pour moi, l’informatique, c’était technique donc il était hors de question que je travaille là-dedans. Etudiante, j’échangeais déjà mes devoirs d’économie contre ceux d’informatique. » Vaquant de petits boulots en petits boulots, un ancien de Science Po lui propose un poste d’ingénieur commercial au Centre Français d’Informatique, l’éditeur leader du marché sur le produit logiciel de comptabilité à l’époque. Elle y restera pendant deux ans puis décide de repartir dans le conseil chez Peat Marwick. Non pas dans la branche informatique mais système d’information. Une notion, selon elle profondément différente. « Le système d’information, c’est l’analyse de l’information. Où elle va et selon quel processus. Alors que l’informatique est un outil. » Florence Desprets assiste à l’avènement des Système d’information et des premiers ERP système intégré. Embauchée au business développement chez Oracle en 1994, elle y restera cinq ans avant de partir pour l’ennemi juré de l’époque SAP en tant que directrice des alliances europe. « Une époque passionnante où tout était à faire, précise-t-elle. Chez Oracle on faisait peut-être 100% de croissance chaque année. Il y avait de l’argent ce qui laissait de la place à l’innovation. » C’est alors que le directeur du SMB, Yves Pellan lui annonce son départ de SAP pour prendre une BU sur l’activité paie de l’éditeur CCMX et l’encourage à le rejoindre dans une entreprise dit-il où il y a tout à faire. « A cette époque, deux investisseurs en capital risque Apax Partner et Eurazeo venaient de prendre des participations chez CCMX. Etait donc arrivée une nouvelle direction issue du monde financier avec notamment Jean-Luc Lénard. » Malgré tout, dans la tête de celle qui a avait été formée aux méthodes de management des grandes boîtes internationales, rejoindre la plus vieille maison informatique de France qui faisait ce que l’on appelait le traitement à façon, sonnait comme une hérésie. Mais Florence Desprets décide quand même de relever le défi avec néanmoins des objectifs clairement affichés. « Lorsque je suis allée le voir pour lui dire oui je me souviens lui avoir déclaré : je viens mais tu vois le cadran là, on est là et moi je veux aller là ! » Nommée directrice marketing de l’activité RH, Florence Desprets décide alors de rebaptiser la BU Système d’information RH, travaille au repositionnement des produits et surtout commence à lancer ce que l’on appelait à l’époque l’outsourcing avec la création d’une plateforme SaaS. Visionnaire de l’ASP, pour elle pas de doute : « demain il faudra pouvoir proposer des applications en mode hébergé ne serait-ce que pour répondre aux problématiques de réduction des coûts et de mondialisation auxquelles les entreprises seront confrontées. » Deux ans plus tard, après pas mal de nuits blanches au sein de l’équipe, la plateforme CCMX devient opérationnelle. Il faudra ensuite plusieurs années pour mutualiser les applications. De sept produits, l’éditeur passe à deux produits tandis que les clients sont invités à migrer quitte à perdre 10% de la base installée. En juin 2004, nouvelle aventure avec la fusion CCMX au sein du groupe CEGID et la rencontre de Jean Michel Aulas entrepreneur visionnaire. Au sein de cette entreprise dynamique, Florence Desprets participe à plusieurs grands chantiers parmi lesquels le développement d’autres applications en SaaS. Pionnier de l’ASP, Cegid tire aujourd’hui 13 millions d’euros de chiffre d’affaires avec ce nouveau marché. Actuellement à la direction des alliances et des partenariats depuis un an et demi, voilà 20 ans, que Florence Desprets œuvre dans le software. « J’ai tout fait : avant-vente, consultant, commercial, directrice marketing… sauf une chose ! développer. » Passionnée et bourreau de travail, elle n’a jamais ménagé sa peine pour pouvoir innover dans une période propice à cela travaillant tard le soir, le week-end et faisant bien souvent une croix sur sa pause déjeuner. Ce qui ne l’empêche pas de revendiquer un côté épicurien avec un père de Bordeaux et une mère du Sud-Ouest. « Entre la bonne bouffe et le bon vin, mon cœur balance… » Et lorsqu’elle ne travaille pas, Florence étudie l’histoire, apprend le grec ancien, et se plonge dans la littérature allemande. « C’est tout ceci qui me nourrie intellectuellement. »

Sandrine Tournigand

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