par Gérard Peliks
gerard.peliks@eads.com
Les fausses certitudes
L’Internet est tellement ancré dans notre vécu quotidien que comme pour toute chose qui s’est rapidement imposée, il s’est bâtit autour de ce phénomène, des croyances devenues certitudes qu’il n’est même pas envisageable de remettre en question sans passer pour quelqu’un qui n’a rien compris à ce qui semble évident à l’homo vulgarus.
Mais ces certitudes ont parfois leur part d’erreurs et peuvent figer le développement de ce moyen irremplaçable de communication qui a bien besoin d’évoluer, peut-être même en changeant de base.
Mieux comprendre l’Internet d’aujourd’hui, en particulier dans ses couches basses est indispensable pour appréhender les travaux qui sont menés actuellement dans des centres de recherche, et qui pourraient bien changer les bases de l’Internet du futur.
Les Mythe no: 4 le routage est décentralisé.
Décentralisé comme le routage du téléphone ou du GSM ? On voudrait bien que ce fut vrai mais c’est loin d’être le cas. Si on prenait une image, utiliser le routage de l’Internet, c’est comme si on demandait à un facteur de distribuer
le courrier, mettons rue de Vaugirard.
Mais le premier immeuble de cette rue ne serait pas le "1 rue de Vaugirard", mais le "232 boulevard Eisenhower", en face ce ne serait pas le "2 rue de Vaugirard" mais le 12 avenue Mao Tse Toung, et ainsi de suite.
Vous voyez le surcroit de travail pour le pauvre facteur obligé de consulter un répertoire qui fait la liaison entre l’implantation de l’immeuble dans la rue et son adresse ? Et pour les employés du centre de tri postal, quel cauchemar
pour classer le courrier ! Il faut donc des répertoires (serveurs DNS)
Tout ceci suite à de mauvaises options dans l’attribution des adresses IP, dans le nommage des domaines et dans la répartition des tâches entre les couches IP et TCP. Mais c’est ainsi que fonctionne le routage sur l’Internet car la plupart
des routes sont statiques.
Chaque message, chaque fichier est découpé en datagrammes et chaque datagramme qui connait son adresse de destination (contenue dans le champ IP) est acheminé de proche en proche, via des routeurs, dans les réseaux connectés. Et chaque routeur doit connaître vers quel routeur de proximité transmettre le
datagramme qui ne lui est pas destiné, en fonction des routes qu’il connait et de celles qu’on lui fait connaître.
Ceci entraine une explosion en taille des tables de routage, des performances dégradées car les routeurs arrivent à la limite de leur capacité de calcul et le problème va vite devenir insoluble.
a suivre…