Mythes et légendes de l’Internet 6é partie

par Gérard Peliks

gerard.peliks@eads.com 
Les fausses certitudes

L’Internet est tellement ancré dans notre vécu quotidien que comme pour toute chose qui s’est rapidement imposée, il s’est bâtit autour de ce phénomène, des croyances devenues certitudes qu’il n’est même pas envisageable de remettre en question sans passer pour quelqu’un qui n’a rien compris à ce qui semble évident à l’homo vulgarus. Mais ces certitudes ont parfois leur part d’erreurs et peuvent figer le développement de ce moyen irremplaçable de communication qui a bien besoin d’évoluer, peut-être même en changeant de base. Mieux comprendre l’Internet d’aujourd’hui, en particulier dans ses couches basses est indispensable pour appréhender les travaux qui sont menés actuellement dans des centres de recherche, et qui pourraient bien changer les bases de l’Internet du futur.

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Mythe no 6 : L’IPv6 va résoudre tous les problèmes évoqués

L’IPv6, nouveau protocole de l’Internet, résout le problème du nombre d’adresses IP devenu très insuffisant, avec l’IPv4, pour satisfaire aux exigences de la demande pour les objets communicants, pour les voitures électriques, pour la grille électrique et d’une manière générale pour l’explosion du nombre d’utilisateurs. Un utilisateur, en particulier pour la mobilité a besoin aujourd’hui

de nombreuses adresses IP. Et les objets intelligents communicants, les étiquettes RFID vont encore faire exploser ce nombre d’adresses nécessaires.

L’IPv6 ajoute également des solutions pour assurer la sécurité, la qualité de service, la mobilité et la diffusion en multicast (un émetteur et plusieurs récepteurs). Mais l’IPv6 conserve la philosophie de l’IPv4, en particulier celle du mode sans connexion et la notion de "best effort". Si l’IPv6 n’est pas la solution, faut-il faire table rase de l’existant et repartir à zéro, et non de protocoles couverts de rustines, et de protocoles qui s’empilent et parfois coexistent mal entre eux, comme le préconisent plusieurs chercheurs, tels John Day et Louis Pouzin qui ont été à la base de l’Internet ?

 

Le Post-IP

En conclusion de ces mythes et des réponses qu’on peut apporter pour démystifier le phénomène, John Day a présenté un nouveau socle pour l’Internet, non plus bâti sur les couches IP mais sur un modèle de communication interprocessus (Inter Process Communications : IPC) récursif : les protocoles RINA qu’il décrit dans son livre "Patterns in Network Architecture, a return to fundamentals"

Dans ce nouveau principe, qui est une technologie de rupture par rapport à l’existant, le réseau n’est plus un moyen de transporter les données mais un mécanisme d’échange entre processus qui transportent les données. Seuls

les processus accèdent aux données qu’ils transportent. L’extérieur n’a pas accès aux adresses internes, ce qui rend difficiles les attaques classiques, basées sur la connaissance des adresses IP vulnérables, pour compromettre les

données et renforce la sécurité. Si le mode avec connexion et le mode sans connexion se rencontrent pour assurer un transport de l’information sûr et performant, dans une architecture où les IPC remplaceront le modèle en couches, et se dupliqueront de manière récursive pour s’adapter aux réseaux physiques, il est certain que l’Internet du futur pourra reposer sur un socle plus solide que celui sur lequel repose l’Internet d’aujourd’hui.

Telle a été la teneur de l’intervention de John Day, ce 28 juin 2010 dans l’évènement "Quel futur pour le socle de l’Internet" organisé par Forum ATENA et Eurolinc. 

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