Interview d’Emmanuelle Olivié-Paul, directrice associée au sein du cabinet d’études Markess International, spécialisé dans la modernisation des organisations avec les technologies de l’information. Dans ce cadre, Markess mène tous les ans, plusieurs centaines d’entretiens avec les représentants de plus d’une trentaine d’administrations.
Sur quels types de projets porte la réflexion des responsables du secteur public ?
Emmanuelle Olivié-Paul : Pour certaines institutions, la réflexion est assez avancée. Les entités locales devraient avancer plus vite que les administrations centrales. Comme le montre l’exemple du Sictiam (voir « Le Sictiam choisit le mode Saas pour les applications RH et de comptabilité de ses 220 adhérents »), certaines collectivités locales s’appuient sur ces technologies de cloud computing et de Saas pour simplifier, rationaliser leurs infrastructures informatiques, abaisser les coûts et faciliter les services aux citoyens voire créer de nouveaux services. On commence à voir ce type de projet dans le domaine de la santé ou de l’éducation avec les ENT (Espaces Numériques de Travail). En fait partout où émerge la notion de communautés (professionnels de la santé, corps enseignant/parents/élèves), il y a de forts effets de leviers pour des solutions opérées en mode Saas comme le cahier de correspondance en ligne ou la mise à disposition de solutions de paiement de services publics en ligne. Avec la compétition liée à l’attractivité du territoire, certaines communes vont être moteurs pour le développement de telles applications. D’autres réflexions, impliquant des investissements beaucoup plus lourds, concernent la refonte de centre de données existants en y incluant des acteurs privés. L’idée serait de mettre à disposition des entreprises locales des infrastructures informatiques qu’elles n’auraient pas forcément les moyens de financer. Cela s’intégrerait dans une politique d’aménagement et de développement économique du territoire. Mais des problèmes, notamment d’ordres contractuels et juridiques, sont à résoudre pour ce type de projets répondant à des besoins publics et privés. Au niveau des administrations centrales, des réflexions sont en cours pour des infrastructures centralisées sous la forme de cloud privés.
En termes de Saas, quelles sont les fonctionnalités privilégiées ?
Emmanuelle Olivié-Paul : En extrapolant les résultats de nos entretiens pour 2010, on peut estimer que 19% des acteurs publics ont déployé au moins une application Saas, contre 24% dans le privé. L’essentiel des applications concernées sont dans le domaine du collaboratif et de la messagerie électronique. Certaines collectivités, notamment, envisagent ou ont déjà adopté les Google Apps, par exemple. Ce n’est pas encore très visible, mais on serait surpris par le nombres d’utilisateurs concernés. On observe désormais une grosse dynamique dans le domaine des applications de gestion, comme le CRM, les RH et la comptabilité, même si les freins sont encore importants, car ce type d’applications sont hébergées sur des clouds publics. En outre, beaucoup d’éditeurs sont nord-américains, ce qui posent problème quant à la localisation des données. Un dernier point, beaucoup d’applications afférentes à la relation citoyens sont en mode Saas.
Christophe Quester