par Hervé Baconnet
A l’occasion des Etats Généraux du Cloud Computing, l’atelier: « Comment devenir éditeur en mode SaaS ? », a d’abord été l’occasion de rappeler pourquoi il faut le devenir: selon Gartner, en 2014, un tiers des logiciels et 80 % des nouveaux entrants seront vendus en mode SaaS
Philippe Plantive, DG de Proginov et de son ERP proposé avec succès en mode ASP est venu démontrer comment le SaaS dépasse aujourd’hui le cadre du CRM ou de la gestion RH.
L’histoire de Proginov est assez emblématique de l’innovation informatique française. Ses clients sont des entreprises de taille moyenne (entre 100 et 400 postes installés) dont le DSI, souvent seul ou entouré d’une petite équipe, ne s’en sort plus, du fait de la complexité croissante de l’informatique, et a le sentiment que « dès qu’il investit dans une application, elle est aussitôt obsolète. »
Proginov a donc décidé il y a dix ans de tenter, avec l’un de ses clients, l’aventure du mode SaaS, avec quelques principes simples:
· Proginov s’occupe de tout,
· Proginov offre une version majeure tous les ans,
· Proginov s’adapte au profil de ses clients et continue à proposer le logiciel en mode hébergé.
Un même client, par exemple un réseau de franchisé, peut avoir certains franchisés clients de l’ERP en mode SaaS et d’autres en mode hébergé. Mais aujourd’hui, un nouveau contrat sur deux est en mode SaaS et la tendance lui est clairement favorable.
Pour finir de convaincre des vertus du mode SaaS, le PDG de Proginov a indiqué que sur 17,7 millions d’euros de chiffre d’affaire en 2010, il y a eu 12 millions d’euros de revenus récurrents, ce qui a provoqué quelques soupirs d’admiration et d’envie dans l’assistance.
Le problème de l’innovation en France
Autre entreprise innovante et autre point de vue sur l’innovation: Runmyprocess, entreprise de BPM en mode SaaS, présente en France et aux USA. Mathieu Hug, PDG de Runmyprocess, a donné les raisons pour lesquelles selon lui, il n’y a pas de Google, d’Amazon ou de Facebook en France ni même en Europe alors que le cloud computing pourrait être l’occasion de rebattre les cartes de l’informatique mondiale:
· le fait que les jeunes diplômés français des Grandes Ecoles se détournent de la programmation dès la fin de leurs études: ils aspirent à devenir chef de projet et non programmeur,
· la mauvaise utilisation des Crédits Impôt Recherche, qui sont trustés par les grandes entreprises, qui sont spécifiquement celles qui ont déjà les moyens d’investir dans l’innovation,
· l’absence d’un Small Business Act européen qui obligerait les grandes entreprises à faire appel aux services des petites sociétés innovantes,
· la faiblesse du montant de rachat des startups par les grands groupes, qui ne favorise pas le réinvestissement,
· le faible intérêt des Venture Capitalists français pour les startups informatiques,
· l’absence d’effet réseau, primordial en Silicon Valley.
Matthieu Hug a indiqué, qu’à l’inverse des pays nordiques, les entreprises informatiques françaises pensent d’abord à leur croissance en France, éventuellement en Belgique, Espagne ou Italie, puis dans un troisième temps en Angleterre ou aux USA, mais qu’elles ne sont pas pensées à la base comme des entreprises informatiques internationales c’est-à-dire sur le modèle anglo-saxon. Ainsi, une vision très locale du marché, recette du succès de Proginov, peut également se révéler être une faiblesse, si on ambitionne de concurrencer la Silicon Valley.