Introduction
Ce document est un extrait du livre collectif "Mythes et légendes des TIC" développé dans le cadre de l’association Forum ATENA.
Si vous désirez obtenir la version complète PDF la plus récente du livre "Mythes et légendes des TIC", Si vous êtes intéressés d’être tenus au courant de ses développements, voire si vous désirez en devenir un des auteurs, demandez le moi par e-mail.
Gérard Peliks
Président de l’atelier sécurité de Forum ATENA
MYTHE N° 1 :
Cela fait déjà 30 ans que nous faisons du Cloud Computing !
Non ! La définition des services de Cloud Computing est complètement en opposition avec cette idée. Depuis 30 ans nous externalisons la fonction Informatique chez des tiers (les tant redoutés contrat de Facility Management des années 90) ou nous optons pour l’hébergement de systèmes dans des Datacenter. Dans le premier cas on mutualise les ressources humaines, dans le second cas les infrastructures physiques (bâtiment, énergie, accès télécoms…). Mais en aucun cas nous avons mutualisé sur la même machine des applications, des systèmes d’exploitation divers appartenant soit au prestataire de Cloud dans le cas du IaaS soit au client final dans le cadre du PaaS.
Peut-être le seul cas rencontré jusqu’ici est celui de l’hébergement des sites Web institutionnels des entreprises. Ils étaient hébergés, souvent pour des questions de couts, sur une machine physique avec des instances du service Web. Ainsi une même machine pouvait supporter plusieurs sites web de différentes entités juridiques. Dans ce contexte l’hébergeur garantissait l’exploitation du système, la disponibilité des infrastructures d’accès (souvent le seul réseau Internet) ainsi que la sauvegarde des données applicatives.
La définition[1] du Cloud impose l’idée du partage de ressources et de la colocation de systèmes. A elle seule cette définition exclue les modèles que nous avions construit jusque là. Une machine, un service, un propriétaire.
Le Cloud Computing a ceci de particulier qu’il propose à travers ces différentes architectures[2] une évolutivité des implémentations : de la machine dédiée (hardware) à l’application en passant par des OS dédiés, des bases de données dédiées… sur des machines partagées. Le service suivant la même logique : exploitation du hardware uniquement jusqu’à l’exploitation de l’application et ses données en passant par l’exploitation unique d’une instance de l’OS.
Pour comprendre les évolutions et les possibilités de la technologie, projetons-nous en avant pour en voir l’évolution. Si nous repartons de l’idée de payer en fonction des besoins (i.e. pay as you grow) ne pourrions nous pas imaginer que cette seule assertion prédit la fin des serveurs informatiques dans nos Datacenter privés ? L’idée serait que finalement nous pourrions ne plus avoir de systèmes mais uniquement des unités d’œuvre de calcul chez un opérateur de service. En fonction des besoins, du moment de notre activité, de sa saisonnalité, nous aurions plus ou moins de capacité de calcul. L’institut d’étude IDC prédit un marché mondial du Cloud Computing en 2013 à une valeur de $45mds ; le prix d’une machine virtuelle étant inférieur à $1 chez certain opérateur, le nombre possible de machines avec $45mds est vertigineux.
Pour mettre en perspective les définitions des architectures de Cloud, et pour donner quelques repères au lecteur, nous pouvons illustrer la définition que nous avons donnée avec les offres[3] suivantes :
§ Software aaS (SalesForce, GoogleApps…)
§ Platform aaS (Force.com, Google App Eng, Microsoft Azur…)
§ Infrastructure aaS (Amazon EC2, Microsoft Azur…)
Alors si les constructeurs de serveurs vont se positionner, qu’en est-il des opérateurs télécoms et Internet ? Leur légitimité est tout aussi importante que les constructeurs, si ces derniers ont la puissance de calcul, les opérateurs disposent du transport. Mariage de raison ou prise de pouvoir ? L’histoire le dira…
Si on ne sait pas qui sera demain le grand gagnant de cette « nouvelle vague », une chose est sûre, cela fait 30 ans que l’on se prépare à l’arrivée du Cloud.
[1] NIST : National Institute of Standards and Technology. Agence du Department of Commerce Américain.
[2] Voir Mythes et Légendes des systèmes de Cloud
[3] Les produits commerciaux énoncés restent la propriété de leurs ayants droit, cette liste ne saurait être exhaustive en termes de définition d’offre et d’appellation.