Interview croisée : Revevol, We are Cloud et RunMyProcess

Propos recueillis dans les nuages, par Kareen Frascaria.

Il y a quelques jours, Revevol a annoncé, en partenariat avec We Are Cloud (qui édite la solution BIME) et RunMyProcess, une nouvelle solution de business intelligence packagée, Collaborative BI, qui risque de changer la donne sur le marché. 


Fruit du croisement de trois expertises (business intelligence, processus décisionnel, et travail collaboratif), la solution met dans les mains des entreprises de toutes tailles l’outil idéal pour prendre les bonnes décisions stratégiques. Elle s’adresse à la fois aux équipes dirigeantes, aux équipes financières ou au marketing, qui peuvent, avec le même outil, analyser ensemble leurs données. Sur le marché, la plupart des solutions de BI sont rarement nativement collaboratives et en mode SaaS. Et le plus souvent, elles sont hors de prix. Collaborative BI, intégrée à Google Apps, est donc une approche potentiellement intéressante à plus d’un titre.

L’occasion pour la Lettre du SaaS et du Cloud de revenir sur cette annonce et sur la vision du marché des trois protagonistes. Pour nous, Rachel Delacour, co-fondatrice de We Are Cloud, Matthieu Hug, co-fondateur de RunMyProcess, et Louis Naugès, Président de Revevol, se sont livrés à «cloud ouvert».

 

Comment vous est venue l’idée de ce package ?

Louis Naugès (LN) : Revevol a, depuis 2007, construit une stratégie 100 % Cloud / SaaS avec une vision internationale ; nous sommes aujourd’hui présents dans une quinzaine de pays. Nous avons comme partenaire stratégique principal Google Enterprise ; Google Apps, l’alternative moderne aux “legacy” Exchange, Notes et Office, est notre cheval de bataille pour convaincre les entreprises de migrer sur le Cloud.

Ce n’est pas une offre exclusive et nous cherchons en permanence à “créer de la valeur” pour nos clients en enrichissant notre catalogue de solutions SaaS. Par ailleurs, Revevol a soutenu depuis leurs débuts et RMP et BIME. Ce sont des offres qui répondent très bien aux attentes de nos clients et aux profils des partenaires recherchés par Revevol.

Pourquoi ?

-Ce sont des offres transverses, universelles, qui répondent à des besoins universels, RunMyProcess pour la gestion des processus, BIME pour le décisionnel.

-Ces deux entreprises ont eu dès le départ, comme Revevol, une vision internationale de leur offre.

-Comme Revevol, ces deux éditeurs sont des “pure players” du SaaS et n’ont pas à “défendre” des solutions historiques à installer “on premise”.

-L’agrégation de Google Apps, RunMyProcess et BIME est très opérationnelle ; les connecteurs et API nécessaires sont disponibles.

 

Rachel Delacour (RD) : Nous avons toujours suivi l’actualité de RMP et de Revevol qui font figures d’ambassadeurs français du Cloud depuis des années, et à l’échelle internationale. Nous nous sommes toujours sentis proches d’eux en termes de philosophie, de choix technologiques et d’ambition internationale (merci au Cloud pour si peu de barrières d’ailleurs). Nos solutions se font donc écho par rapport aux bénéfices saas/cloud et l’esprit commun qui est d’ apporter des solutions clé en main, ludiques et performantes et avec ce parti pris : servir l’utilisateur final. Ajouter à cela la complémentarité des solutions pour un partage intelligent et collaboratif de l’information, et le fait de se rencontrer lors d’événements Cloud : chacun a rapidement identifié la brique de valeur ajoutée de l’autre. Le partenariat est né de cette identification simple et précise : c’est d’ailleurs la force des applications en mode SaaS. Elles se doivent d’être très transparentes, et claires. Ces caractéristiques dynamisent les partenariats : il n’y a rien d’opaque, ni dans le montage pour les éditeurs, ni pour le client final.

 

Comment avez-vous travaillé pour bâtir votre package ?

LN : Revevol a été en contact très tôt avec RMP et BIME, car nous avions compris immédiatement les potentiels de ces outils. Revevol est donc devenu, naturellement, l’un des premiers partenaires de ces deux sociétés.

Nous proposons à tous nos clients la possibilité d’utiliser RunMyProcess et BIME chaque fois que l’opportunité ce présente.

En s’appuyant sur les offres de connecteurs et d’API ouvertes proposées par RunMyProcess et BIME, Revevol peut proposer une offre packagée avec Google Apps, prête à l’emploi.

Maintenant que l’offre “technique” est disponible, nous allons pouvoir entreprendre des actions marketing en commun.

Revevol est maintenant un “revendeur” de ces solutions RMP et BIME, comme il l’est déjà de Google Apps. Pour nos clients, c’est une simplification forte car ils peuvent tout acheter chez un seul fournisseur.

 

N’est-ce pas difficile d’être une start-up française pour bâtir une offre de dimension Google et de se frotter à la concurrence américaine ?

LN : Oui, il est très difficile de créer des offres SaaS en Europe et en France. Revevol a démarré sans support de sociétés de venture capital ou du gouvernement Français. Il nous a fallu trois ans de travail acharné pour imposer Revevol comme un acteur crédible sur le marché mondial et auprès de Google, mais nous l’avons réussi.

Nous avons des concurrents américains, bien sur, mais je pense que la vision internationale d’entreprises comme RunMyProcess, BIME et Revevol est un atout important. Nous savons dès le début que les marchés sont tous différents, qu’il faut savoir s’adapter à des cultures, des langues différentes alors que pour de nombreuses entreprises américaines c’est un effort qu’elles ne sont pas toujours prêtes à faire.

Les solutions SaaS étant par nature universelles et mondiales, une start-up Française peut, dès le premier jour, viser le marché mondial ; c’est une grande première dans le monde du logiciel, et cela me rend très optimiste sur la possibilité pour de nombreuses entreprises européennes SaaS de s’imposer sur un marché immense, dès le premier jour.

 

Matthieu Hug (MHU) : En ce qui nous concerne, cela fait un an et demi que nous travaillons avec Google. C’est forcément difficile, pas tant parce que nous sommes français que parce que leur niveau d’exigence et de qualité est extrêmement élevé. Ceci étant nous avons réussi  à construire un vrai partenariat technologique et commercial avec Google, où la relation est équilibrée. Dernièrement nous avons par exemple construit à partir de notre plate-forme un produit de boite email partagée totalement intégré à Gmail (Shared Inbox for Gmail) et qui permet d’introduire dans Gmail une fonctionnalité clé de Microsoft Exchange.

Quant à la concurrence américaine… elle est évidemment forte: de nombreuses solutions absolument formidables y sont construites, mais surtout 80% l’écosystème de l’informatique et 80% des réussites sont concentrés dans la Silicon Valley. Il est donc d’autant plus important que les acteurs européens, et en particulier les éditeurs, s’allient pour proposer des offres originales répondant au besoin des entreprises.

 

RD: Je rejoins Matthieu sur ces alliances qui peuvent forcément faire mouche.

Concernant l’aspect start-up, ce que je constate aujourd’hui c’est que le Cloud permet déjà de jouer « aux grands » avec très peu d’investissements (utilisation de puissance de serveurs par exemple). La naissance de projets qui aurait auparavant requis un besoin de fonds important et pris un temps infini pour tester l’application, est aujourd’hui réalisable rapidement. Et qui dit projets rapidement testés, dit beaucoup plus de créativité en termes d’usages et de valeur ajoutée. Cela permet une explosion de start-ups…et comme pour nos amis Chinois, avec autant de volume, il y a forcément plus de talents qui émergent pour rivaliser avec nos autres amis Américains. Ajouter à cela les «market place» pour tester commercialement » les applications …En somme, de nombreux nouveaux usages du web viennent grossir les chances de reconnaissance de l’écosystème Google par exemple. Mais une chose est certaine : les start-ups américaines ont un savoir-faire marketing incroyable et sont surtout très bien financées. Cela dit, je trouve que cela évolue plutôt dans le bon sens pour les starts-up francaises.

 

Avec votre solution, pensez-vous avoir changé la face du Cloud? 

LN : Réponse simple : non ! Les solutions SaaS, telles que BIME ou RunMyProcess, sont des briques importantes qui, chacune, apportent de la valeur aux entreprises innovantes qui ont déjà commencé leur voyage vers le Cloud, qui enrichissent fonctionnellement les grands composants existants tels que Google Apps ou Salesforce par exemple.

La logique du succès dans le monde du SaaS s’appuie sur une démarche de composants, pas de solutions “intégrées”. Chaque entreprise peut construire, à la carte, les solutions dont elle a besoin en choisissant les composants nécessaires ; RunMyProcess et BIME font partie de ces briques additionnelles à très forte valeur.

 

MHU : Ceux qui changent la face du Cloud sont très rares, nous n’avons pas cette prétention ! (sourire). En revanche nous apportons une solution véritablement originale car totalement intégrée et prête à l’emploi. Cela semble presque une banalité, mais il n’est pas inutile de souligner qu’une application n’a de sens que si elle met à disposition des indicateurs de pilotage et de suivi; symétriquement un système de business intelligence n’a de sens que s’il est alimenté en données depuis les systèmes opérationnels. Or ces sujets sont souvent pris isolément, dans des projets différents et des horizons de temps différents. L’originalité de cette offre est de proposer en un seul package la mise en oeuvre d’un système de pilotage, processus décisionnels y compris. Le tout en offrant un accès aussi bien en situation “fixe” qu’en situation “mobile”, et à des tarifs pour le moins rares en entreprise grâce à l’effet d’échelle du Cloud.

 

RD: Tout est dit.

 

Quels sont les clients que vous visez en priorité ?

LN : Les deux offres, RMP et BIME, sont très innovantes et répondent à des besoins universels.

Entreprises visées ? Toutes celles qui ont fait un premier saut dans le monde SaaS ; en pratique ce sont en priorité des entreprises “midmarket”, de 200 à 10 000 utilisateurs, dans des secteurs d’activité concurrentiels, tels que industrie, services ou distribution.

Il n’y a, à priori, aucune taille d’entreprise ou aucun secteur d’activité qui ne puisse pas tirer profit de ces solutions.

Idéalement, la DSI peut jouer un rôle de promotion de ces solutions auprès de ses “clients internes”, dans les directions métiers. Dans la pratique, ce sont souvent ces directions métiers qui sont les prescripteurs et demandent à leurs équipes informatiques de les aider à les mettre en œuvre.

Besoin de formation? Oui, bien sur ! Il faut bien différencier la formation aux outils, qui est très rapide car leur ergonomie est très bonne, et la formation aux “nouveaux usages”.

C’est cette dernière qui est la plus importante et permet aux entreprises d’obtenir le maximum de valeur de leurs investissements SaaS.

 

Comment voyez-vous évoluer ce type de solutions ?

 

LN:Nous sommes au tout début de la décennie Cloud Computing / SaaS.Les offres actuelles offrent déjà une très forte valeur, en proposant les fonctions essentielles à des prix très compétitifs vis-à-vis des offres historiques “on premise”.

Dans une logique SaaS, de nouvelles fonctionnalités s’ajoutent en permanence, sans nécessiter un changement de “version” ! Les demandes remontées par les utilisateurs actuels de RMP et BIME servent de base à l’enrichissement fonctionnel de ces outils.

BIME et RunMyProcess auront, très vite, toutes les fonctionnalités répondant aux attentes de 90 % des utilisateurs ; il restera toujours, et c’est une bonne chose, des demandes très pointues qui auront besoin d’autres outils, très puissants.

 

RD: si je regarde toute la nouvelle littérature sur le sujet de la BI collaborative, je dirai que l’offre arrive pile au bon moment: le marché mûrit, les besoins sont de plus en plus exprimés. Les nouveaux usages du web dans l’entreprise sont en adéquation avec cette offre : explosion des data -issues des services web et des BD traditionnelles-, besoin de les analyser, besoin d’en parler, besoin de partager ses commentaires, besoin de prendre des décisions…sans partir dans un projet long terme où le POC de départ nécessite déjà une réunion CAPEX.

Notre défi est de faire connaitre cette offre et ses avantages. Je vois une évolution forcément positive avec des puzzles d’applications qui viendront se greffer à l’offre actuelle en fonction des besoins décisionnels et collaboratifs.

 

Quelles sont à votre avis les tendances fortes sur le marché du SaaS global ?

 

LN: Les évolutions sont claires : les solutions SaaS vont en priorité répondre aux besoins transverses, universels.

Google Apps, BIME et RunMyProcess font partie de ces familles de solutions, comme Salesforce ou Successfactors.

Pendant encore longtemps, les entreprises devront continuer à déployer leurs processus “cœur de métier” en interne, en mode non SaaS multi-tenant.

Pour un DSI, c’est une excellente nouvelle ; les choix sont devenus limpides :

-Applications universelles, processus transverses : réponse SaaS ou SaaS !

-Applications cœur de métier : solutions traditionnelles pour le moment, en attendant l’arrivée progressive de solutions métiers sur des “nuages communautaires”.

 

MHU: L’une des grandes tendances du Cloud est la constitution d’écosystèmes de partenaires: soit autour de solutions bâties autour d’un assemblage de briques à l’instar de ce que nous avons fait avec Bime et Revevol soit autour de place de marché à l’instar des initiatives de Google, d’Apple, d’Amazon, etc. Cette logique d’assemblage va largement modifier la manière d’appréhender l’informatique en entreprise, mais aussi le temps entre un besoin et sa mise à disposition des utilisateurs: tout ce qui n’est pas strictement spécifique à un besoin n’a plus besoin d’être refait, une brique existe ou existera pour le faire. L’idée d’assembler de manière souple des briques n’est pas neuve, évidemment, mais elle ne correspond pourtant pas vraiment à ce qui se fait aujourd’hui.

 

Merci à tous les trois.  

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