A l'occasion de la conférence « Cloud Computing 2012 », IDC a présenté sa dernière étude « Cloud Computing 2011-2012 et projections 2015 ». Il en ressort qu'après une période d'attentisme, nous entrons dans une phase d'adoption, à un rythme quatre fois plus rapide que pour les autres innovations IT.
L'étude IDC estime le marché français 2011 du cloud computing à 924 millions d'euros et prévoit qu'il atteindra 3,5 milliards d'euros en 2015. Selon IDC, 25% des entreprises françaises ont déjà acheté des solutions cloud. Toutes ou presque envisagent aujourd'hui une adoption : 91% des entreprises s'y intéressent et 69% le font de manière active. IDC place même la France et le Royaume-uni en tête de la vague d'adoption cloud computing en Europe.
Face au choix épineux : cloud public, privé ou hybride ?, 20% des entreprises interrogées n'envisagent qu'un cloud privé (principalement les grandes entreprises), 12% exclusivement un cloud public (surtout les PME), 42% sont en train de réfléchir à leur positionnement, 19% n'ont encore entamé leur réflexion et 7% n'envisagent ni l'un ni l'autre.
D'un point de vue sectoriel, le secteur financier est en pointe, avec 52% des banques françaises ayant déjà investi dans des solutions cloud computing. Le secteur public est plus à la traîne avec un taux d'adoption à 22%.
Concernant la structure du marché, on compte aujourd'hui un très grand nombre de prestataires et IDC prévoit encore pour 2012 une petite montée du nombre d'offres. Un phénomène de concentration devrait rapidement prendre le pas, avec des offres de plus en plus intégrées et la création d'écosystèmes. Ce modèle d'intégration verticale devrait tenir le haut du pavé jusqu'en 2020, date à laquelle IDC prévoit un nouveau basculement vers un modèle spécialisé.
Les avantages attendus par les entreprises françaises choisissant le cloud computing sont, bien sûr, le paiement à l'usage, les réductions de coûts, le faible investissement de départ et la rapidité d'implémentation. Les freins qui subsistent sont les interrogations liées à la sécurité, l'irréversibilité du basculement vers le cloud computing, l'immaturité des offres (même si cet obstacle s'estompe nettement), les soucis d'intégration et d'interopérabilité des différentes solutions cloud.
Si le principal sujet de préoccupation des prospects reste la sécurité, Nicolas Baron, responsable de la ligne de services cloud chez IBM France, constate que « la sécurité était un sujet bloquant il y a encore deux ans : c'est devenu juste un sujet majeur dans nos discussions avec nos clients ».
Eric Haddad, Directeur de Google Entreprise France, face à ces interrogations concernant la localisation des données, souligne la nécessité de rapprocher l'information d'utilisateurs de plus en plus mobiles, pour réduire le temps de latence. De plus, rien n'oblige les entreprises à basculer complètement leurs données dans le cloud : dans le cadre du contrat gigantesque (130 000 utilisateurs) signé par Google Apps avec BBVA la semaine dernière, pour respecter les contraintes légales, les données bancaires des clients ont été isolées et n'entreront donc pas dans le champs de la solution cloud.
Enfin, tout choix technologique, en mode onpremise ou cloud, entraîne des coûts d'intégration ou de migration si on fait machine arrière : Google incite ses prospects à construire un véritable business case de transition vers le cloud computing, incluant les coûts de migration des données, qui peuvent être évalués par un prestataire lors d'un atelier organisé par Google.
Hervé Baconnet