par Christophe Quester
« Le cloud computing entraîne une évolution des équipes projets au niveau de l’intégration, » affirme Olivier Leal, responsable de l’offre Cloud chez Ysance. « Avant, nous fournissions un logiciel ou un assemblage de briques logicielles, destiné à être supporté par une infrastructure dédiée. Désormais, on installe un logiciel dans un environnement Iaas ou Paas. Cela implique la présence d’architectes systèmes et applicatifs dans les équipes d’intégration, avec de nouvelles problématiques de déploiement à gérer, une gestion différente des interfaces… »
Réunis autour d’une table ronde lors des Etats Généraux du cloud Computing, le 21 mars dernier, plusieurs experts évoquaient les évolutions induites dans le métier d’intégrateur et celles-ci s’avèrent plus qu’homéopathiques. Pour Jean-François Caenen, directeur technique de la division intégration de Cap Gemini, l’informatique des entreprises se compose d’une partie dite de nécessité, supportant les différentes fonctions, et d’une autre qualifiée de différenciation. « Elle concerne les projets à très forte valeur ajoutée métier. Le cloud est une opportunité d’accélération pour ces projets, mais avec de nouvelles exigences en termes de sécurité, de qualité de services, de capacity planning. » Concernant cette informatique de différenciation, ou informatique stratégique, Guillaume Plouin, responsable prospective chez Octo Technology insiste sur les possibilités offertes par le cloud pour la gestion des problématiques d’infrastructures et des couches basses : « cela offre des possibilités de codage plus rapide, on peut accélérer les projets, effectivement. Les administrateurs systèmes se transforment alors en développeurs, ils doivent écrire des scripts pour le déploiement de machines virtuelles, cela permet d’attirer une nouvelles populations d’informaticiens. » Une assertion que confirme Olivier Leal « le cloud va poser des problèmes en termes de recrutement, car les ingénieurs systèmes sont assez réticents à l’écriture de scripts.» Mais Guillaume Ploin prévoit également, pour l’informatique de commodité, de la disparition du métier d’intégrateur car tout va se retrouver dans le cloud. Et Mathieu Hug, PDG de RunMyProcess, d’insister : « quand on choisit d’utiliser un logiciel Saas comme Salesforce, plus n’est besoin de savoir ce qu’est une requête SQL ou une base de données Oracle. Les informaticiens qui généraient au kilomètre des requêtes SQL n’ont plus de travail dans ce cas. En revanche, pour intégrer ce genre de solutions, il faudra s’appuyer sur de nouvelles compétences, orientées métiers. » Ce qui amena le débat sur les nouvelles problématiques liées à l’intégration de services Saas les uns aux autres. « Dans le cadre d’un déploiement de Google Apps, se pose la question de repenser certains processus de collaboration, le développement d’applications nécessaires mais n’existant pas encore et, surtout, la maîtrise de l’adaptabilité de la capacité à monter en charge en fonction des besoins, ce qui n’est pas simple techniquement, » réfléchit Jean-François Caenen. « L’intégrateur doit assurer la cohérence et garantir des niveaux de service sur un patchwork d’infrastructures différentes (Iaas, Paas…), avec de fortes compétences métiers pour proposer des indicateurs pertinents pour mesurer les dits niveaux de services. » Guillaume Plouin tempéra un peu le débat en rappelant que, dans le cas de Google Apps, c’est quand même le géant de Mountain View qui est responsable de la disponibilité de ses services en ligne. Ce à quoi acquiesce Mathieu Hug, tout en soulignant qu’avec ces nouvelles infrastructures de cloud public, les pannes sont rendues public, ce qui n’est pas le cas des interruptions de service chez les gros intégrateurs comme Atos, IBM ou Cap Gemini