par Christophe Quester
Pour soutenir son activité Saas en croissance, l’éditeur construit un cloud privé sur les infrastructures d’IBM en verrouillant tous les aspects juridiques
C’est début juillet que devrait commencer la migration, en mode production, des solutions Saas de Cegid sur une infrastructure de cloud privé opérée par IBM. « Toute cette stratégie est directement liée à la montée en puissance de la demande de clients pour un système d’information en mode externalisé, » déclare Patrick Bertrand, directeur général de Cegid. De fait, après une progression de 25% en 2011 du chiffre d’affaires Saas, celui-ci s’est encore apprécié de plus de 30% au cours du premier trimestre 2012. Autre indicateur de la bonne santé du Saas chez Cegid, le stock de nouveaux contrats a cru de 50% en 2011. Anticipant les conséquences de ces bons résultats, les dirigeants de Cegid ont mené une réflexion stratégique dès la fin de l’exercice 2010. « Deux constats en ont résulté," raconte Patrick Bertrand. « D’abord, du fait de notre activité d’hébergeur, la montée en puissance rapide de notre activité Saas nous obligeait à courir après notre ombre : acheter toujours plus de nouveaux serveurs, les maintenir en conditions opérationnelles, ce n’est pas notre métier. Ensuite, nous savions que nous allions être confrontés à des pics d’activités en journée toujours plus importants avec des conséquences importantes sur notre infrastructure. » En effet, avec une forte composante du chiffre d’affaires générée par les logiciels de gestion utilisés par les experts comptables ou le commerce de détail, des journées de très fortes sollicitations de l’infrastructure étaient à prévoir, comme les jours de clôture des comptes en fin de mois, les bilan de fin d’année ou encore les périodes de soldes. L’un des principaux éditeurs de logiciels français, quatrième au palmarès 2012 de Truffle Capital, a donc décidé d’externaliser son infrastructure informatique pour profiter d’une souplesse propre à absorber, et la croissance de l’activité et les pics d’activité, la fameuse scalabilité promise par le cloud computing. « Nous voulions un partenaire capable de nous accompagner à l’international pour notre activité commerce de détail, » détaille Patrick Bertrand.
Une société de droit français
Cegid a donc retenu IBM pour opérer son cloud privé. Et s’est donné les moyens juridiques pour éliminer tous les doutes quant à la localisation hasardeuse des données de ses clients. Alors que la CNIL vient de publier, mi juin 2012, un rapport mettant l’accent sur les risques de transferts de données personnelles sur des serveurs situés à l'étranger ou dans des entreprises étrangères, relevant par exemple de la loi américaine et son fameux Patriot Act, Cegid a pris toutes les précautions qui s’imposent. « Notre infrastructure cloud est opérée par IBM France, qui est une société de droit français. Nos serveurs seront hébergés dans le data center de Clichy, géré par des employés bénéficiant d’un contrat de droit français. Les serveurs seront, certes, la propriété d’IBM France, mais dédiés et seuls nos collaborateurs seront habilités à y accéder, » rassure Patrick Bertrand. Et il a raison, car comme dans le cadre de la location d’un appartement, le bailleur n’a en aucun cas le droit d’y pénétrer. Concrètement, le modèle économique du contrat est basé sur le concept d’élasticité de la tarification. Cegid paiera au nombre de machines virtuelles (VM) consommées avec, en supplément une rémunération de services ad’hoc. Cegid aura le droit entre 8 modèles de VM différents, le plus petit affichant un CPU et 2 Go de RAM, le plus puissant 8 CPU et 96 Go de RAM. Et, Patrick Bertrand de signifier : « nous sommes en train de construire notre cloud, nous avons, par exemple, personnalisé l’interface de notre portail de services pour accéder aux fonctionnalités proposées par IBM. Le cloud est une chaîne de fabrication que nous cherchons à automatiser le mieux possible. » La migration débutera avec une première application, la plus solide et la mieux maîtrisée en mode Saas. Puis suivront les applications plus sophistiquées.