Partenaire d’Amazon Web services, Linkbynet a également fait alliance avec Numergy. Le responsable R&D regrette le manque de position de l’État sur le cloud souverain.
En 2012, l’hébergeur et infogéreur Linkbynet opérait un tournant stratégique. « À l’époque, nous nous interrogions sur la façon dont nous devions considérer les géants américains et les cloud souverains, alors en gestation », se rappelle Johnny Da Silva, responsable du département R&D. De potentiels concurrents, la société décidera de faire des partenaires. Il y aura Amazon Web Services suivi un an plus tard de Numergy, l’acteur français du cloud souverain.
Le choix d’un modèle de vente indirect pour une clientèle BtoC finira de convaincre les dirigeants de préférer Numergy à Cloudwatt. L’objectif affiché de Linkbynet : s’appuyer sur leur plateforme pour proposer à ses clients des services informatiques à forte valeur ajoutée. « Numergy offre de la puissance de calcul. Or les clients veulent un suivi, du conseil, de l’infogérance. À nous de résoudre les problématiques de configuration, de sécurité, de performance. On modèle l’infrastructure Numergy au besoin du client, quitte à rajouter des briques en plus. » Un nouveau positionnement de « cloud broker » qui s’avèrera payant pour une entreprise dont le métier initial était l’hébergement.
« À partir du moment, où nous mixions notre propre infrastructure avec d’autres, nous pouvions avoir des centaines de data centers virtuels, déployer des applications partout dans le monde et sans beaucoup d’investissements financiers », détaille Johnny Da Silva. Positionné comme un fournisseur de services à valeur ajoutée sur une multitude d’infrastructures différentes, nombreux seront les clients à demander à Linkbynet de mettre en œuvre des portails de cloud brokering. « Les DSI reprennent la main tout en conservant la souplesse qu’ils avaient en passant en direct chez ces opérateurs du cloud. » Autre intérêt de ces portails multi cloud : « en fonction des besoins, l’utilisateur peut être dirigé vers telle ou telle plate-forme. Une machine de production avec des données sensibles pourrait être hébergée sur la plateforme Numergy et une plateforme de développement sur Amazon. »
Un manque de position de l’État
Malgré la promesse « valable » d’un cloud à la française, Johnny Da Silva regrette l’absence de position de l’État. « Tant qu’il n’aura pas instauré une certification, le cloud souverain restera un terme marketing associé à deux sociétés en partie financées par la Caisse des Dépôts. » Une certification qui permettrait à d’autres acteurs du numérique de devenir cloud souverain et pourquoi pas proposer leur service au secteur public. « L’État devrait imposer l’hébergement systématiquement des données de ses administrations sur ces cloud souverains. Aujourd’hui, il n’y a pas de consigne. Une mairie peut s’adresser à n’importe quel opérateur cloud. » Selon Fabrice Giraud, responsable communication de Linkbynet, le but du cloud à la française serait davantage de concurrencer les géants américains. Johnny Da Silva reste circonspect : « l’avance technologique de AWS est telle qu’un cloud souverain aura du mal à faire face. »