Deux ans après sa création, Numergy compte déjà une centaine de salariés, tous en CDI, dont « 60 à 70 % d’ingénieurs, de techniciens, de développeurs… toute la population technique qui fait vivre notre plate-forme », précise Philippe Tavernier. « Les valeurs de notre société sont la performance, la responsabilité et l’agilité, c’est-à-dire la capacité à faire travailler tous les acteurs de l’écosysytème, notamment nos partenaires. Et notre cœur de métier, c’est le cloud computing public ».
De vrais clients
Commercialisée depuis le printemps 2013, la plate-forme assure un service continu et récurrent depuis. « Chaque mois, nous connaissons entre 5 et 15 % de croissance au travers de nouveaux clients qui arrivent. Nous avons dénombré 25 nouveaux clients rien que sur les mois d’été », se satisfait Philippe Tavernier, qui estime à un millier environ les environnements clients qui tournent sur la plateforme.
Le choix d’Openstack
Openstack nest pas le choix initial de Numergy, qui s’est au départ appuyé sur les environnements existants de l’un de ses principaux actionnaires, SFR, à base de VMware, Cisco et autres HP. « Mais nous avons considéré comme beaucoup qu’Openstack était la grammaire à venir de l’infrastructure et avons développé par nous-mêmes, tout en restant à l’écoute de la communauté Openstack, une nouvelle plate-forme en neuf mois », explique Philippe Tavernier. « Celle-ci permet de démultiplier les fonctionnalités. Lancée en bêta le 31 mars, elle tourne depuis. Nous l’avons peaufinée entre mars et juin en écoutant nos partenaires et nous la commercialisons depuis la mi-juillet 2014 ».
Il semble que cette nouvelle offre fonctionne bien et qu’elle enregistre déjà des clients. Philippe Tavernier estime « qu’il y a peu d’acteurs qui proposent une plateforme Openstack opérationnelle à l’heure actuelle ».
Un acteur Européen ?
« Nous n’avons pas vocation à nous arrêter aux frontières de la France et nous voulons adresser l’Europe », ajoute notre interlocuteur. Mais en élargissant sa zone de chalandise, Numergy tomberait dans les mêmes travers que ceux qui ont justement motivé la création de cloud souverains, en particulier un hébergement des données en dehors des frontières. « C’est pour cela que nous avons monté la Cloud Team Alliance (en 2013, avec Belgacom. NdlR). Il s’agit d’un mariage européen d’opérateurs de cloud qui permet de répondre à la fois à des préoccupations locales et de couvrir une zone géographique intéressante ». Elle s’adresse surtout à de grands comptes présents internationalement.
Aujourd’hui, cinq acteurs européens font partie de la Cloud Team Alliance : outre les deux fondateurs, on y trouve KPN Wholesale (Pays-Bas), Portugal Telecom et Enter (Italie). « Prochainement, un acteur suisse doit nous rejoindre et nous sommes également en discussion avec des acteurs en Allemagne », précise Philippe Tavernier.
Positionnement sur le marché
« La localisation des données est importante pour certains clients et pas pour d’autres », constate Philippe Tavernier. « Il est évident que cela peut être un facteur de différenciation. Mais il y aura toujours des acteurs ayant une vocation planétaire, globale. Numergy a une logique un peu différente et surtout des ambitions locales et loco-régionales. Nous devons cependant avoir des propositions de valeur technique comparables à celles des grands acteurs mondiaux, en cohérence avec les besoins métier, mais aussi disposer des éléments de sécurité qui rassurent et obtenir les agréments et les certifications nécessaires ».
Par rapport aux autres acteurs français du cloud, Philippe Tavernier affirme avoir « beaucoup de respect pour eux, dont la plupart ont été plutôt visionnaires : il y a une forte émulation, mais de la place pour tout le monde. Plutôt que de regarder ce qui nous divise et de polémiquer, il vaudrait peut-être mieux aller ensemble sur des programmes européens comme la Cloud Team Alliance par exemple ».
Concernant les montants investis par l’État au capital, il estime que « c’est flatteur, parce que ça montre que l’État croit au cloud computing ».
Quel avenir pour Numergy ?
Rappelons que, forte de ses 100 collaborateurs, Numergy vise un chiffre d’affaires de 6 M€ en 2014. « Nous sommes dans la feuille de route que nous nous sommes assignée », estime Philippe Tavernier. « À plus long terme, notre objectif est d’avoir 15 % des parts de marché du cloud public d’ici 2020 ».
Pour l’heure, l’entreprise n’est pas encore rentable, mais « nous sommes dans une logique d’investissement capitalistique forte et commencerons à être rentables entre 2015 et 2020, tant en termes de résultats de de cash-flow », prévoit Philippe Tavernier.
L’écosystème de Numergy, dont le modèle repose sur l’indirect, est aujourd’hui constitué de 125 à 130 partenaires de toutes tailles. « C’est grâce à eux que nous comptons déployer les usages et les savoir-faire du cloud computing dans un monde qui bouge », conclut notre interlocuteur.