Hélène Barrios, directrice générale de Cegid Public, la filiale secteur public de Cegid, dresse un bilan de l’adoption du cloud et dévoile les applications et infrastructures aujourd’hui utilisées par ses clients.
Poussées par les évolutions légales, les toutes premières utilisations du cloud ont d’abord concerné la mise en place de plateformes d’achat permettant la dématérialisation complète des marchés publics. Cette première approche réduite, sur un domaine d’expertise pointu, a lancé les nouveaux usages dématérialisés au sein du secteur public et « lui a conféré une certaine avance par rapport au secteur privé », estime Hélène Barrios. Les innovations technologiques portées par l’industrie d’hébergement et l’industrie cloud ont constitué le 2ème étage de propulsion de l’informatique public vers le cloud computing. Après la dématérialisation, l’État s’est ainsi engagé sur le développement de télé-services en ligne, nouveau canal dans sa relation avec les citoyens : la France s’enorgueillit d’être « le 1er gouvernement e-gouvernement au niveau européen et le 4ème mondial via le site servicepublic.fr » précise Hélène Barrios.
Les usages sur des applications métiers plus lourdes, notamment dans le domaine de la finance et des ressources humaines, sur lesquels Cegid Public intervient, commencent à se développer. « Nous percevons une vraie nouveauté dans nos contacts avec nos clients publics ; ils ont une vraie stratégie informatique liée à ce que la collectivité ou l’établissement public veut faire et ne prennent plus uniquement le virage numérique du fait d’un nouveau cadre légal imposé».
Cela se traduit concrètement, au niveau du front-office citoyen, par la mise en place d’autres télé-services en ligne, de plus en plus pointus et s’appuyant souvent sur des solutions cloud : demandes de fiches d’état civil, consultation de registre des cimetières, paiement de factures, suivi des demandes. « Côté back office, nous en sommes encore aux premières utilisations de solutions cloud pour des applications très expertes comme les finances, les RH et la paie. L’usage n’est pas massif et les clients sont encore pionniers ». Aurélie Courtaudon, spécialiste du secteur public au cabinet d’analyses Markess, confirme qu’une grande majorité des acteurs du secteur public optant pour les solutions cloud computing ne leur confient pour l’instant que des données non sensibles, autour des applications collaboratives, de messagerie ou de bureautique.
Les clients de Cegid public peuvent être classés en trois catégories : tout d’abord les petites structures, par exemple les petites communes, qui n’ont pas de service informatique. « Elles faisaient auparavant appel à des prestataires informatiques pour maintenir les serveurs et intervenir en cas de panne (parfois 2 ou 3 jours plus tard). Elles trouvent, grâce aux solutions cloud, un dispositif global sur lequel s’appuyer, un levier de sérénité fabuleux et économiquement intéressant ».
La deuxième catégorie de client est l’intercommunalité, qui doit faire face au relèvement du seuil minimum de 5 000 habitants à 20 000 habitants d’ici 2017. Ces collectivités, qui doivent gérer l’arrivée de nouvelles communes en leur sein, sont dans l’obligation d’engager une homogénéisation des processus et des services : Hélène Barrios explique que « les intercommunalités réfléchissent maintenant au-delà du simple mode d’achat des logiciels et ont décidé pour beaucoup de s’appuyer sur un cloud métier, qui va leur fournir un socle applicatif solide, en finance et en RH ».
Aurélie Courtaudon, de Markess, cite comme exemple Nîmes Métropole, qui, du fait de l’immaturité des offres en 2009, a construit sa propre infrastructure cloud privée en interne, lui permettant de proposer des services pour les communes membres de l’agglomération (vidéosurveillance, usage numérique dans l’éducation…) et qui évoque aujourd’hui une possible externalisation d’une partie de ce cloud. Elle cite aussi la Communauté d’Agglomération de l’Aéroport du Bourget, qui a fait le choix d’un prestataire externe, OVH, pour la gestion de son cloud privé.
De manière plus générale,Hélène Barrios constate que « dans les collectivités locales, la volonté cloud est également portée par la direction générale et les élus, qui poussent une stratégie numérique alors qu’il y a 10 ans ils ne s’intéressaient pas aux logiciels on-premise utilisés par les services. Les métiers ensuite, favorisent mécaniquement cette prise de position opérationnelle ».
La dernière utilisation du cloud par le secteur public concerne les Etablissements Publics, auxquels la Révision Générale des Politiques Publiques impose d’accentuer la mutualisation et qui s’orientent vers le cloud pour gérer l’exploitation, les processus collaboratifs et optimiser la dématérialisation. Cegid Public a par exemple pour clients un Musée National employant 1 500 agents ou un établissement public en réseau avec 11 000 agents sur l’ensemble du territoire, qui ont choisi la solution RH Cegid en mode cloud.
À moyen terme, Hélène Barrios envisage une très forte croissance des usages des solutions cloud, qui concernent aujourd’hui 400 clients de Cegid Public, soit 10 % de la clientèle : « au niveau RH et finance, nous allons compléter notre bouquet d’applications avec des expertises de plus en plus pointues autour de la gestion de la dette, de l’analyse financière, de la gestion du patrimoine ou la gestion des entretiens d’évaluation des fonctionnaires. L’avenir est de proposer un cloud métier qui agrège tout cela et qui permet à la collectivité d’être performant dans tous les domaines ».
Les autres applications cloud amenées à se développer rapidement dans le secteur public sont, pour Hélène Barrios, les outils collaboratifs, les télé-services vers l’externe ou l’interne et enfin la gestion électronique de documents et l’archivage, « domaines dans lesquels les perspectives sont très fortes ».
Sources Markess : blog Administration Numérique.