Axelle Lemaire, secrétaire d’état chargée du numérique, a honoré la 10ème édition des états généraux du cloud computing de sa présence.
Henry-Michel Rozenblum, délégué général d’Eurocloud France, a accueilli Axelle Lemaire, secrétaire d’État chargée du numérique, en soulignant qu’après de multiples occasions ratées, elle est finalement la première responsable politique à assister aux états généraux du cloud computing. Ce à quoi Axelle Lemaire a répondu : « ma venue est peut-être tardive mais ne se réalise pas par hasard. La transformation numérique s’impose aujourd’hui fortement aux entreprises et aux administrations ».
La secrétaire d’État souhaite aider les entreprises françaises à faire face à la compétition internationale en agissant à la fois sur l’offre, à travers le Plan d’Investissement d’Avenir, « un des rares endroits où l’état a encore de l’argent », et la demande, en essayant de rassurer le utilisateurs perplexes face « aux bouleversements amenés par le nouveau monde des données. Or, ces phénomènes de désintermédiation vont continuer. Le socle de la feuille de route du gouvernement est l’établissement de la confiance des utilisateurs ».
Pour effacer cette barrière de défiance, différentes démarches sont envisagées : la construction avec l’ANSSI d’un label « secure cloud » pour rassurer les entreprises, des programmes de sensibilisation car « la culture numérique s’apprend » et enfin un soutien aux collectivités locales pour les aider à choisir les bons prestataires, à travers notamment la mise en place d’une place de marché.
En réponse à Matthieu Hug, PDG de Fujitsu RunMyProcess, qui lui demandait si ces belles intentions numériques n’étaient pas contredites par les décisions politiques récentes, Axelle Lemaire a déclaré : « j’ai oeuvré pour que le droit à la vie privée soit défendu dans la loi de renseignement qui vient d’être votée et le conseil constitutionnel livrera dans quelques jours son avis sur son caractère constitutionnel ». Concernant les manifestations des taxis, les entreprises numériques « comme Uber ou Airbnb sont évidemment les bienvenues en France, qui constitue l’un de leurs plus gros marchés. Il n’en est pas de même pour Uberpop, qui ne respecte pas la loi et les réglementations du travail« .
Les datacenters, éco-responsables
Stéphane Duproz, directeur général de TelecityGroup, a défendu le rôle positif des datacenters « qui se sont modifiés pour apporter au cloud plus de sécurité, faciliter son développement et permettre que de plus en plus d’applications critiques y soient migrées. Par ailleurs, contrairement à certaines allégations, les datacenters réduisent à la fois l’empreinte carbone de l’activité humaine, en évitant les déplacements, et de l’activité numérique, en développant des bonnes pratiques difficiles à mettre en œuvre chacun dans son coin ». Stéphane Duproz a également souligné que les performances réseau restent un enjeu majeur, « les solutions cloud en étant complètement tributaires ».
2015 aussi révolutionnaire que 1900
Preston McAfee, chief economist de Microsoft, a comparé la transformation numérique actuelle, permise par le faible prix des équipements, à « la révolution qu’ont constitué en 1900 les arrivées simultanées de la voiture, des avions et de l’électricité dans un monde de fermiers, qui cultivaient encore quasiment comme au temps des Romains ». Ainsi, même si tout le monde ne parle que de ça, Preston McAfee a estimé que beaucoup de personnes et d’entreprises ne sont et ne se sentent pas prêtes : « on sous-estime globalement les changements à venir et leur accélération dans les 5 prochaines années : opportunités de l’Internet des objets, défis d’analyse du Big Data (et dangers des faux positifs, autrement dit des données mal interprétées), enjeux de sécurisation, réinvention du travail à travers l’explosion du statut de freelance et la fin progressive des emplois routiniers ».
Michel Teyssedre, CTO d’IBM France, a complété cette analyse en livrant la vision de la recherche IBM à horizon 3 à 7 ans : « les piliers du prochain paradigme IT seront, selon les chercheurs d’IBM, le traitement informatique effectué là où sont les données, le raffinage de ces données et la construction d’une nouvelle plateforme IT au-delà du cloud. La création de données sera deux fois supérieure à la bande passante aujourd’hui disponible et la puissance de calcul des téléphones sera plus grande que l’ensemble du cloud ». Ainsi, IBM prévoit l’émergence d’une « Data at the edge » « ne laissant que 10 % des données au sein des cloud ».