Les intervenants de la table ronde n°7 des états généraux du cloud computing ont débattu de la possibilité de transférer intégralement son informatique dans le nuage aujourd’hui.
Alors que beaucoup d’entreprises et administrations ont entamé la migration de leur informatique dans le cloud, certaines d’entre elles sont-elles tentées d’y plonger totalement ? Du point de vue de Bruno Dutriaux, spécialiste cloud chez Cisco, « nous en sommes davantage à accompagner les clients vers l’objectif de devenir majoritairement cloud que sur le chemin d’une migration totale ». Stéphane Duproz, directeur général de TelecityGroup, a pour sa part estimé que « les DSI préfèrent encore avoir le cœur business au sein de l’entreprise et sont moins regardants pour le reste. En fait, beaucoup d’entreprises développent leur utilisation du cloud en plus de leur IT ‘normale’ ».
C’est également l’avis de Bruno Dutriaux : « on n’a jamais fait autant d’informatique dans les entreprises : le budget IT explose et la croissance se fait dans le cloud ». Eric Blum, vice-président et CTO EMEA de BMC, a souhaité ne pas opposer totalement les deux modes d’IT : « il est possible d’innover à la fois sur le on-premise et sur le cloud. En améliorant et en industrialisant l’ancien, il est possible de réduire les coûts et de réinvestir dans de nouveaux développements, par exemple sur les PaaS ».
Quels sont donc les freins à une informatique des entreprises et des administrations prochainement entièrement cloud ? Hervé Lemaître, business strategist chez RedHat France, a évalué que « les technologies, notamment Open Source, permettent aujourd’hui techniquement une informatique 100 % cloud. Mais un obstacle majeur concerne la réversibilité technique et juridique d’une telle décision ». Pour un autre intervenant, « le passage dans le cloud est souvent un projet d’envergure et son coût est assez élevé. Et parfois le ROI est mauvais ». Eric Blum a même estimé que « le cloud n’est pas moins cher, mais il peut permettre de connaître les vrais coûts des technologies ».
Plus précisément, Bruno Dutriaux, de Cisco, a constaté que : « lors d’une migration cloud, ça n’est pas le matériel qu’il faut amortir mais le coût humain pour développer les applications » – « Un de nos clients dans le domaine du retail, dont les caisses tournent sous Windows 2000, souhaitait les passer dans le cloud. Or, Microsoft ne porte pas les versions trop anciennes de son système d’exploitation dans le cloud. Ainsi, ce client s’est-il trouvé face à un problème financier et une décision d’investissement d’un grand nombre de jours/homme pour assurer la migration de son système », témoignait un intervenant.
Un dernier obstacle soulevé par Laurent Seror, président d’Outscale, a concerné les problèmes d’intégration dans une informatique 100 % cloud : « en IaaS, il existe un certain nombre de standards ; de PaaS à PaaS, c’est déjà plus compliqué ; et les communications de SaaS à SaaS sont vraiment très difficiles à mettre en œuvre ».