Uberisons, Uberisons

Marc Benioff, CEO de Salesforce, a réservé sa première apparition publique lors de Dreamforce à un dialogue « au coin du feu » avec Travis Kalanick, CEO de Uber.

C’est dans un petit théâtre de quelque 500 places et devant un public trié sur le volet que Marc Benioff a tenu le rôle d’intervieweur de son sponsor « prestige » Uber, représenté par Travis Kalanick, son CEO et co-fondateur.

La discussion a démarré en évoquant l’organisation de Uber lors d’un événement comme Dreamforce. Il faut dire qu’avec 170 000 inscrits et sans doute pas loin d’autant de personnes présentes, la ville de San Francisco hébergeait 20 % de sa population en plus pendant l’événement. Par moments, dans la rue, une voiture sur deux était Uber. Travis Kalanick a insisté sur la nécessité d’avoir un service fiable en toute circonstance, qu’il pleuve ou qu’il vente. L’événement a notamment nécessité des opérations de marketing particulières, afin que plus de chauffeurs que d’habitude se connectent à l’application, mais aussi anticiper les demandes.

À San Francisco, Uber est 40 % moins cher que le taxi ; la ville compte 20 000 chauffeurs sur la plate-forme (contre 10 000 à Paris, pour une population 10 fois plus importante). « Les gens ont besoin d’argent », constate Travis Kalanick. « Uber leur fournit un revenu d’appoint apprécié : plus de la moitié de nos chauffeurs fonctionnent moins de 10 heures par semaine ». Au global, Uber gère plus de 1 000 courses à la minute en moyenne.

Le modèle est réellement disruptif et les possibilités sont multiples : Uber pool, par exemple, permet de partager une voiture ; on peut choisir son type de véhicule et opter pour un SUV ou un haut de gamme. Dernier né de la gamme : Uber for Business. « Notre objectif est de rendre Uber moins cher que de posséder une voiture », explique Travis Kalanick. « Ainsi, non seulement on crée des milliers d’emplois dans chaque ville, mais on résout aussi les problèmes de parking et on améliore la mortalité routière ». Uber œuvre sociale ? Pas sûr que ce soit là l’objectif principal.

Marc Benioff, CEO de Salesforce, et Travis Kalanick, CEO de Uber
Marc Benioff, CEO de Salesforce, et Travis Kalanick, CEO de Uber

Si le CEO se déclare surpris par son propre succès ces 5 dernières années, ses ambitions n’en sont pas pour autant écornées : « nous voulons être partout dans le monde, pour tout le monde. Et quand je dis ‘partout’, ça signifie vraiment ‘partout' », a-t-il lancé.

La société n’entend pas même s’arrêter là. Si elle a commencé par la mise en relation des utilisateurs avec des chauffeurs via ses applications, révolutionnant en cela le monde du transport, « le modèle est transposable à d’autres domaines », poursuit Travis Kalanick. De fait, UberEats, un service de livraison de repas à domicile en moins de 10 minutes existe déjà dans certaines villes des États-Unis ainsi qu’à Barcelone. Il semble ne pas y avoir de limite : « faire rendre un service par quelqu’un à quelqu’un d’autre, voilà notre job », commente le CEO.

Uber est sans conteste une entreprise de technologie qui connaît un succès fulgurant. Un succès qui bouleverse l’ordre établi, comme en atteste l’épisode du printemps dernier en France. Un bouleversement qui soulève d’autres questions, comme celle de la protection sociale des chauffeurs, de leur formation etc. car le modèle ultra-libéral américain n’est pas forcément transposable ailleurs sans heurts.

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