La possession, c’est suranné ! Vive la location et l’abonnement à des services de tous ordres, à l’instar du phénomène Uber. C’est ce que semble nous dire la société californienne Zuora, qui propose une plate-forme de gestion complète et on-line des clients abonnés, allant de la gestion commerciale à la facturation et à la gestion financière en passant par l’analytique. Et sa croissance impressionnante a tendance à le prouver.
Pourquoi investir dans un costume que l’on ne portera qu’aux grandes occasions ? À la faveur du récent Dreamforce, George Zimmer, l’homme d’affaires américain qui a lancé Men’s Wearhouse, une chaîne de vêtements pour hommes très connue aux États-Unis, en 1973, a lancé une nouvelle entreprise, Generation Tux. Celle-ci propose des costumes et des smokings à la location on-line. Pour réaliser d’éventuels ajustements, la nouvelle entreprise s’appuiera sur le réseau de tailleurs zTailors, un service de mise à disposition de tailleurs à domicile que l’homme d’affaires a créé l’an passé. 17 modèles différents de costumes sont proposés, pour un tarif unique de 95 dollars. La location d’une tenue complète est proposée à 150 dollars, chemise, chaussures, cravate et boutons de manchettes compris.
« Les moins de 30 ans sont de plus en plus détachés de la possession », assure Guillaume Vives, SVP produits de Zuora, une entreprise créée en 2007 par K.V. Rao, Cheng Zou et Tien Tzuo, son CEO. Transfuges de Salesforce, tous trois avaient passé plusieurs années au sein de l’éditeur californien. Tien Tzuo avait bien soumis son idée à Marc Benioff, mais celui-ci n’avait alors pas souhaité la développer. Il a néanmoins encouragé ses ex-collaborateurs en prenant personnellement des parts au capital de Zuora. Une démarche pas tout à fait désintéressée, puisque la plate-forme logicielle de Zuora est entièrement intégrée à Salesforce.
Aujourd’hui, Zuora, compte 600 collaborateurs et devrait entrer en bourse dans un an, « lorsque nous serons plus de 1000 personnes », anticipe Guillaume Vives. Ce n’est qu’à ce moment là que le chiffre d’affaires de l’entreprise sera dévoilé, mais « en général, quand une entreprise entre en bourse, elle génère 200 millions ou plus », nous dévoile notre interlocuteur. Zuora exploite ses propres datacenters, l’un à Las Vegas, l’autre dans la Silicon Valley. Mais comme « le sujet de l’hébergement des données est sensible et pose parfois des problèmes aux européens, nous prévoyons d’en ouvrir aussi deux en Europe, mais pas tout de suite », indique Guillaume Vives. Et quand chez Zuora on dit « pas tout de suite », ça pourrait bien être… en 2016 quand même. La solution Z-business, dont Zuora explique qu’elle est là rien moins que pour remplacer l’ERP traditionnel dans une économie de l’abonnement, compte des millions de lignes de code et traite des milliers de milliards de transactions par an. « Elle apporte beaucoup d’agilité, notamment dans la mise en place de nouveaux services », ajoute Guillaume Vives.
Et la France ?
En France, la filiale a été lancée en juin 2014, comme d’autres en Europe (Anvers, Stockholm…), faisant suite à une volonté des dirigeants de conquérir le vieux continent. Auparavant, elle comptait déjà une vingtaine de clients, dont Engie oú Neopost, par exemple. Aujourd’hui, la filiale en est à sa deuxième vague de clients, avec des noms comme Axa, Schneider, Michelin ou Tibco. À noter que la société tenait le 9 octobre dernier la deuxième édition francophone de « Subscribed World Tour Paris », un événement où une bonne demi-douzaine de clients français sont venus apporter leurs témoignages.
« Dans l’économie de l’abonnement, le centre de gravité devient le client », poursuit Guillaume Vives. « Les jeunes générations sont beaucoup moins attachées à la possession. Typiquement, une voiture ne vas les intéresser que dans la mesure où elle rend des services ». De nombreuses études montrent qu’une voiture n’est utilisée que 5 % du temps ; c’est peu, eu égard à l’investissement que représente la possession d’un véhicule. Zuora et sa plate-forme se positionnent donc au cœur du modèle disruptif de l’économie de l’abonnement et cherche à répondre à la transformation des comportements en cours. Cette transformation concerne tous les secteurs d’activité, que ce soit en B2B ou en B2C : Generation Tux n’en est qu’un exemple ; l’essentiel reste à venir.