À l’occasion de la finale le l’Idea Challenge, qui se déroulait à Rennes en parallèle du symposium Future Cloud, la rédaction a rencontré – avant l’annonce des résultats – les représentants des trois start-up françaises figurant parmi les huit finalistes. Impressions et perspectives.
Toutes trois ont connu ce concours via leur incubateur et souhaitent bien entendu gagner ce concours, qui pour embaucher un technicien, qui un designer, car le prix de 40 000 euros attribué au vainqueur correspond peu ou prou à un salaire chargé. Une aide assurément utile : « il y a une dotation réelle, pas uniquement de services, ce qui est cohérent », commente Clément Ravouna de Tanker. « C’était très bien aussi de se confronter à des start-up européennes. Cela ouvre des perspectives, tandis que nous avons tous la même façon de travailler, à Paris », ajoute son collègue et associé Guillaume Pontalier. Julien Hobeika, de Julie Desk, note « qu’ils ont un réseau et savent proposer une variété de services et pas uniquement un service spécifique ».

Quant à leurs chances de remporter ce challenge, « on est les meilleurs, bien sûr, sans quoi nous ne serions pas là », lance Guillaume Pontalier. Son collègue pondère : « mais la reconnaissance, c’est important aussi » – « C’est très dépendant des juges », estime de son côté Julien Hobeika. Quant au jury lors du pitch d’hier « ils n’ont pas été tendres, mais ça a été », se satisfait David Rapin, de Linkurious.
La France, terrain favorable
Tous s’accordent sur le rôle très positif de Bpifrance dans leur développement et dans le développement des start-up en général, même si ces aides sont fonction des fonds propres de la société. « Chez Linkurious, nous avons bénéficié de 125 000 euros en un an et demi », se souvient David Rapin. Même son de cloche du côté de Tanker, « dont la situation n’est pas à plaindre, grâce notamment à l’aide d’investisseurs privés », estime Clément Ravouna. En revanche, tous sont beaucoup plus critiques sur le financement de la deuxième phase de l’entreprise, après celle de démarrage, qui reste plus problématique.

Quant à l’attractivité de l’hexagone, « j’ai envisagé 10 fois de partir… Mais créer un produit innovant en France, c’est absolument génial », assure Guillaume Pontalier. « La fiscalité des JEI est favorable, on y trouve des ingénieurs très compétents… » – « Et en plus, dans notre domaine, celui de la sécurité, la France bénéficie d’une réputation très positive, avec la Suisse et l’Allemagne », précise son collègue Clément Ravouna. Parmi les autres avantages de la France, ils citent encore en vrac le bénéfice de Pôle Emploi pour les futurs dirigeants ou la fidélité du personnel.
Parmi les inconvénients, Julien Hobeika estime « qu’il est plus plus dur faire grossir l’entreprise, et que les cycles de décision sont trop longs dans les grands comptes ». Et puis, tous s’accordent à dire qu’il est nécessaire de vendre aux États-Unis, ce que Linkurious a déjà commencé à faire, via un partenaire.
Enfin, ces dirigeants de start-up se projettent assez bien dans le long terme, à horizon 5 ans. David Rapin pense que d’ici là Linkurious aura ouvert des bureaux aux États-Unis, surtout pour assurer les ventes. « Nous aurons aussi intégré de nombreuses choses dans le produit alors qu’aujourd’hui elles sont en dehors, comme l’analyse des données, par exemple », précise-t-il. Tanker souhaite clairement se développer dans le monde entier, pour devenir une sorte de standard de la sécurisation d’applications cloud. « L’objectif ultime est d’automatiser PGP (Pretty Good Privacy), à l’instar de ce que fait Dropbox avec FTP », précisent de concert Guillaume Pontalier et Clément Ravouna. De son côté, Julien Hobeika « rêve de développer un hub de services Julie Desk, qui ne se contenterait pas de gérer des agendas comme aujourd’hui, mais offrirait une palanquée d’autres services, comme la comptabilité, par exemple ».

Ah, au fait, depuis cet entretien les vainqueurs de l’Idea Challenge ont été proclamés. And the winner is Carbon Analytics (Royaume-Uni), une plate-forme permettant aux PME de mesurer leurs émissions de gaz à effet de serre et de piloter la réduction de l’impact environnemental de leur activité. Mais nos trois français se sont très bien débrouillés, puisque Tanker rafle le deuxième prix et Julie Desk le troisième. Félicitations à tous.