La politique s’invite à la Cloud Week Paris

Sur le thème « Quel candidat numérique à l’élection présidentielle », un débat animé a eu lieu à l’issue de la « conférence des visionnaires », dès lundi à la maison de la chimie.

À l’heure des GAFA et où, selon Jean-Gabriel Ganascia, philosophe et professeur d’intelligence artificielle à l’université Pierre et Marie Curie de Paris, intervenu à la conférence des visionnaires, « les grands acteurs de l’IT veulent s’arroger les prérogatives régaliennes des États », l’importance accordée au numérique par le gouvernement français est affligeante : Axelle Lemaire est secrétaire d’État auprès du ministre de l’Économie, de l’Industrie et du Numérique, chargée du Numérique. C’est-à-dire qu’elle ne prend même pas part au conseil des ministres. Comment s’inscrire dans une politique globale dans ces conditions ? Pourtant, le cloud et le numérique engendrent des mutations profondes des entreprises et de toute la société.

L’initiative d’Eurocloud est une première : l’association estime que le numérique, secteur désormais stratégique, doit être positionné au centre de la politique du gouvernement. D’où l’idée d’un candidat numérique à la présidentielle de 2017 et d’un débat à l’occasion de la Cloud Week Paris pour commencer à discuter de ce projet.

Autour de Jean-Michel Billaut et Alain Garnier, tous deux candidats sur laprimaire.org, un site mis en place pour permettre aux Français de choisir librement, de manière transparente et démocratique, les candidats qu’ils souhaitent voir se présenter à l’élection présidentielle de 2017, on trouvait Fabrice Benaut, président d’Alliance Big Data, Fabrice Galloo, président de France-IT, Alain Prallong, président du Cinov-IT et Pierre-José Billotte, président d’Eurocloud France.

Debatteurs
Les débatteurs. De G à D : Pierre-José Billotte, président d’Eurocloud France, Fabrice Benaut, président d’Alliance Big Data, Alain Prallong, président du Cinov-IT, Fabrice Galloo, président de France-IT, Alain Garnier et Jean-Michel Billaut

Ce dernier a d’emblée répété ses intentions, déjà formulées en introduction de la conférence des visionnaires en début d’après-midi : « faire porter une candidature à la présidentielle de 2017 par un candidat de rupture, pas un candidat traditionnel ». Pour ce faire, il se propose d’adresser un courrier aux différentes instances représentatives de la profession dès la semaine prochaine, afin de constituer un collectif apolitique duquel émergeront un candidat numérique et un programme.

Pour Alain Garnier « il faut bousculer le système ». « Et supprimer l’ENA », ajoute Jean-Michel Billaut. Candidats sur laprimaire.org, ils ont tous deux une démarche sensiblement différente de celle du président d’Eurocloud : « le candidat idéal, c’est moi », n’hésite pas à avancer Alain Garnier, sur un ton dont on a du mal à savoir s’il s’agit d’une boutade ou non. Et d’ajouter : « mais tout le monde peut être candidat. Le candidat idéal est quelqu’un de charpenté, d’œcuménique, qui ait l’adhésion populaire. Et de porteur d’un projet ».

C’est notre confrère Didier Barathon, d’IT News Info, qui animait les débats autour de deux grands thèmes : le programme et le candidat idéal. Chacun a pu détailler les trois thématiques majeures qu’il verrait porter par son candidat numérique : pour Pierre-José Billotte, il faut numériser l’administration française, « qui ne l’est pas aujourd’hui », selon lui, faire apprendre le code à tous les élèves des écoles françaises et créer une zone franche forte en France. Pour Fabrice Benaut, « il faut commencer par se poser la question de la place du numérique et celle de la France dans le numérique ». Ses priorités sont de retrouver une France du numérique souveraine, de remettre le numérique à sa juste place, celle de support et d’utiliser le numérique comme levier de progrès.

Mettre en place un plan stratégique avec toutes les phases de la transformation numérique, accompagner les PME dans la transformation numérique, créer un CAPES du numérique dès maintenant, accélérer la transformation numérique de l’économie transverse, refonder la république via le numérique sont quelques unes des autres idées qui ont été avancées par les participants.

Jean-Michel Billaut a beaucoup été dans le registre de la provocation, mais a été très applaudi : « Ma stratégie est simple : changer le système politique français, qui est mafieux », a-t-il annoncé en introduction. Un mandat de sept ans et un seul, cumul de mandats interdit et inéligibilité à vie de tout élu condamné par la justice sont quelques unes de ses propositions, mais le renforcement des services publics on-line, permettant de ne pas remplacer les fonctionnaires partant à la retraite, la santé prédictive grâce au séquençage génétique font également partie de son programme.

Quant au profil du candidat numérique (qui pourrait aussi être une candidate…), le consensus se fait autour de la table sur la nécessité de son indépendance vis-à-vis des vieux partis, « qui sont aujourd’hui stériles », souligne Alain Prallong. À l’écoute des citoyens, travaillant dans une intelligence collective, connaissant le terrain, transparent… sont quelques-unes des qualités que lui prêtent les participants.

Pour Pierre-José Billotte, le candidat pourra être issu de trois catégories : d’une consultation comme celle de laprimaire.org, une personnalité du numérique connue, comme Xavier Niel, par exemple, ou un homme politique, « mais les hommes politiques traditionnels sont tous disqualifiés ».

Fabrice Galloo considère qu’il « faut que ce soit un entrepreneur ou une entrepreneuse, car les valeurs de l’entreprise ont aujourd’hui disparu de la politique ». « Qui qu’il soit, le prochain président et le suivant vont avoir fort à faire dans le numérique », conclut Jean-Michel Billaut.

La suite dans quelques semaines, lorsqu’Eurocloud aura envoyé son courrier et lorsque laprimaire.org aura désigné son candidat, en décembre 2016.

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