Dans le cadre des manifestations partenaires de la Cloud Week Paris, Cinov-IT s’est posé cette question. Pour y répondre, Alain Prallong, président de Cinov-IT, Véronique Guével et Stéphane Coirre, tous deux administrateurs du syndicat.
Alain Prallong a détaillé une étude de l’OPIIEC (Observatoire Paritaire des Métiers du Numérique, de l’Ingénierie, des Études et du Conseil et des métiers de l’évènement). Réalisée par le cabinet Ambroise Bouteille et associés et l’IDate, cette étude intitulée « Formations et compétences cloud computing et Big Data en France » montre que le cloud est un marché encore en décollage mais déjà plus mature que celui du Big Data. 211 000 emplois seraient liés au cloud dans les métiers du conseil et de l’ingénierie d’ici 2018.
Certains métiers sont impactés sur des compétences spécifiques, notamment techniques, mais aussi commerciales. D’autres compétences, comme le cloud brokering, deviennent plus complexes à trouver. D’autres, comme l’exploitation, voient leurs besoins en compétences diminuer. Le cloud engendre aussi de nouveaux métiers, comme celui d’architecte/ingénieur cloud.
Mais tous les métiers sont concernés, surtout les métiers des entreprises clientes. « Le premier impact est le CRM et donc la relation de l’entreprise avec ses clients. Souvent, lorsqu’un fournisseur arrive en RV chez un client, ce dernier en sait plus que lui ; le cloud permet la mobilité, la portabilité, le partage d’information avec les clients », constate Stéphane Coirre. Et s’agissant plus spécifiquement des PME, le cloud a tendance à faire sortir les informaticiens de ces organisations au profit des ESN.
Véronique Guével a détaillé l’exemple d’un cabinet d’orthodontie qui a démarré sa transformation numérique dès 2007, par l’envoi de newsletters et la mise en place de jeux pour les enfants (80 % de ses patients), et dont l’objectif initial était le zéro papier. Mais cette transformation est allée bien plus loin et a impacté tout l’écosystème du praticien, y compris les prothésistes dentaires avec lesquels il travaillait : informatisation des dossiers médicaux dans le cloud, mise en place d’une console d’enregistrement permettant au patient de s’enregistrer à son arrivée, signature électronique sont quelques unes des mesures qui ont été mises en place, conduisant « au final à un gain de temps considérable et à la suppression de la queue au guichet », selon Véronique Guével.
Le cloud et la numérisation ont transformé le métier même du praticien : les empreintes dentaires se font désormais à partir du scanner réalisé en amont, avec une précision plus grande qu’avec les outils traditionnels. Les moulages en plâtre ont disparu au profit d’une impression 3D et les bagues disgracieuses que l’on mettait dans la bouche des patients ont cédé la place à des gouttières évolutives beaucoup plus discrètes.
Au bilan, « le praticien traite aujourd’hui un plus grand nombre de patients grâce au temps que fait gagner la numérisation, ce qui lui a permis de réduire ses tarifs », explique Véronique Guével. Communication améliorée, simplification des opérations administratives, amélioration du confort et de la qualité des soins prodigués aux patients sont le résultat de l’opération, le tout à effectifs constants. « Ce type de démarche n’est pas un cas unique et s’observe de plus en plus fréquemment », commente Véronique Guével. « Elle concerne non seulement l’orthodontie, mais aussi en chirurgie, par exemple, voire d’autres métiers, comme les salons de coiffure ».
L’OPIIEC et Cinov-IT ne se contentent pas de faire des constats, mais proposent également des actions : sensibiliser les professionnels au cloud, former des profils pointus sur le cloud et gérer les emplois impactés par le cloud en accompagnant l’évolution des compétences et en développant l’employabilité des professionnels concernés en constituent les grandes lignes.