Le cloud hybride rebat les cartes

Le cloud hybride serait-il la panacée ? Combinant informatique interne et solutions « dans le nuage », le modèle garantit, en tout cas flexibilité, performance et sécurité. Malgré une nécessaire adaptation du système d’information et du rôle de la DSI, un nombre croissant d’entreprises franchissent le pas.

Si elles n’en maîtrisent pas encore tous les contours, les entreprises croient au modèle du cloud hybride. C’est en tout cas l’une des conclusions de l’enquête réalisée en mars 2016 par le cabinet Pierre Audoin Consultants (PAC), selon laquelle une entreprise française sur quatre aurait déployé un « vrai » système d’information hybride, combinant l’informatique classique et les différents types de cloud : privé (système dédié avec accès réservé) et public (environnement partagé). Menée auprès de 205 organisations de plus de 500 employés, l’enquête révèle en outre que près d’une entreprise sur cinq (19 %) envisage de mettre en place une stratégie dans ce sens dans les deux ans.

Le développement du cloud hybride est en fait à relier à l’adoption grandissante du cloud dont le marché hexagonal, estimé à 4 milliards d’euros en 2015 par PAC, devrait continuer de progresser de 21 % par an en moyenne d’ici 2019. Avec une tendance : le rééquilibrage entre le cloud privé, jusqu’ici privilégié, et le cloud public. Les raisons de l’évolution vers le cloud ? Il répond d’abord à un besoin économique, 76 % des entreprises interrogées y voyant un moyen de réduire leurs coûts. « Le cloud est aussi devenu un levier de la transformation numérique », complète Mathieu Poujol, consultant spécialiste du sujet chez PAC. Il est notamment considéré comme un support à une stratégie de mobilité, ainsi qu’un gage de flexibilité et d’agilité, cités à égalité par 75 % du panel. Mais, parallèlement, le cloud suscite encore des inquiétudes, principalement pour des raisons de sécurité (78 % de citations), de performance des solutions (65 %) et de difficultés d’intégration avec l’existant informatique (63 %).

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C’est justement parce qu’il permet de bénéficier des avantages du cloud en limitant les inconvénients que le cloud hybride apporte une réponse appropriée. La nature des principales tâches fonctionnant dans ce type d’environnement composite, plutôt périphériques (test d’application, hébergement de site Internet, communication et collaboration, etc.), révèlent toutefois que les entreprises restent prudentes. Les applications qui ont un lien et un impact direct sur l’activité (finances, production, recherche et développement, etc.) demeurent en retrait. La mise en place du cloud hybride nécessite d’ailleurs un certain nombre de précautions, notamment la prise en compte des problématiques d’intégration, de régulation et de localisation.

Elle suppose également de s’appuyer sur de solides partenaires et des solutions adaptées. « Gérer la sécurité du cloud à l’aide de firewalls périmétriques n’est, par exemple, plus suffisant », illustre Olivier Melwig, directeur technique entreprises et opérateurs chez Juniper Networks, l’un des partenaires de l’étude. « Il faut passer d’une logique verticale, isolant les composants physiques, à une logique horizontale, basée sur des systèmes de protection virtualisés directement dans les serveurs pour sécuriser au plus près les machines virtuelles ». Pour choisir leurs fournisseurs, les entreprises françaises tiennent d’abord compte de la localisation du datacenter, en France (84 % des citations) voire en proximité régionale (39 %). Les possibilités de customisation (60 %) ou les prestations avec service à valeur ajoutée offertes (53 %) ont également leur importance. Enfin, l’évolution vers le cloud hybride contraint la DSI à s’adapter. Si elle reste au cœur du dispositif, en particulier pour la phase de mise en œuvre, son rôle doit se transformer en prestataire interne, en proposant du « courtage » de services cloud (service brokerage) et en assurant un contrôle global (droits d’accès, qualité de service, sécurité, règles de gouvernance, etc.) au plus proche des métiers.

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