Où en est l’État français sur l’adoption de services cloud ? Est-il en avance ou en retard ? L’une des neuf tables rondes organisées lors des États généraux du cloud a réuni Hewlett Packard Enterprise (Jean-Malo Pantin), Cirpak (Stéphane Carpentier) et BMC (Eric Blum) autour du directeur du programme transformation des centres informatiques à la DINSIC, Alain Merle.
Chargé d’animer le débat, Francis Weill, directeur général de Connectis France, a ouvert la table ronde par une tentative d’évaluation de la taille du marché cloud dans le secteur public. « Si l’on estime à 50 milliards le marché de l’IT en France, la part de l’IT pour l’État au sens large n’est pas loin des 7 milliards. Sur ces 7 milliards, 6 % seraient dédiés au cloud, soit 500 millions ». Sans pour autant pouvoir confirmer ces chiffres, l’ensemble des fournisseurs de la table ronde relevait un intérêt croissant du secteur public pour les solutions cloud. Pour BMC, le chiffre d’affaires réalisé dans la sphère publique est en croissance de 30 % à 50 %. Que ce soit en France ou dans de nombreux autres pays européens.
Une dizaine de datacenters à horizon 2020
Alain Merle a ensuite été invité à présenter brièvement le programme de transformation des centres informatiques mené actuellement par l’État français. Ce programme vise à consolider et rationaliser l’offre d’hébergement du SI de l’État et à moderniser l’offre de service. Cela passe notamment par la rationalisation du parc de datacenters. D’une centaine de centres de données en 2012, l’objectif est d’arriver à moins d’une dizaine à horizon 2020. « Une réduction du nombre de datacenters qui n’est envisageable que par un accompagnement des différents ministères et la construction et la mise à disposition d’une offre de services cloud. » Aujourd’hui, la DINSIC développe cinq plateformes d’hébergement interministériel. Alain Merle a ensuite poursuivi sur l’ambition de la DSI de l’État de mettre en place une offre de cloud hybride : « Du cloud privé interne est en cours de construction, mais aussi du cloud public externe sur lequel travaille Orange ».
Des cas d’usage probants
Le débat s’est ensuite poursuivi sur les cas d’usage du cloud dans le secteur public. Selon Eric Blum, la modernisation de l’IT de l’État ne se fera pas sans l’émergence de services publics numériques innovants pour le citoyen. Et la France est plutôt bien placée. Elle se positionne au 4ième rang mondial du classement e-gouvernement réalisé par l’ONU. À ce titre, Alain Merle a pu citer deux projets phares menés par la DINSIC et qui seront prochainement déployés : France Visa, porté par le Ministère des affaires étrangères et France Université numérique, qui offrira l’accès à 300 MOOC qui permettront d’adresser deux millions d’étudiants. Pour Stéphane Carpentier, ces cas d’usage sont de plus en plus probants. Jean Malo Pantin a mentionné à ce titre le pendant de France Visa, mais pour les demandeurs d’asile, « une application qui fonctionne aujourd’hui sur Openstack. La technologie la plus utilisée par l’État français pour ses infrastructures cloud. » De l’avis d’Eric Blum, « le développement de ces cas d’usage et nouveaux services impliquera de pouvoir les interconnecter pour qu’ils puissent partager les informations ». Enfin, le développement d’infrastructures partagées entre ministères ne pourra s’effectuer sans de fortes exigences sécuritaires. « Aucune concession n’a été faite sur la sécurité pour mettre en place cette offre de services », a tenu à souligner Alain Merle. Que ce soit par l’inscription du référentiel « secure cloud » de l’ANSII au cahier des charges de l’appel d »offre où l’exigence d’une localisation de deux datacenters en France pour les applications sensibles.