La conférence des visionnaires, 2ème édition

La 2ème édition de la Cloud Week Paris a à nouveau débuté à la maison de la chimie, par une conférence des visionnaires, qui ont partagé leurs interrogations et prévisions, économiques, technologiques ou philosophiques.

Pierre-José Billotte, président d’Eurocloud France, a rappelé en introduction l’objectif de la Cloud Week Paris : « casser les codes en agrégeant 32 conférences sur une semaine pour créer un des plus grands évènements français de l’IT ». En rassemblant huit « visionnaires » issus de mondes variés : institutionnel, académique, start-up ou grande entreprise, la conférence inaugurale visait à prendre de la hauteur sur les grands enjeux actuels et futurs, autour du cloud et des technologies du numérique.

Les interventions ont toutes souligné que la révolution numérique des entreprises et de la société dans son ensemble n’en est qu’à ses balbutiements. Nicolas Dufourq, directeur général de Bpifrance, a souhaité démontrer que l’écosystème numérique français pourra prendre part à cette révolution, notamment grâce aux nombreux dispositifs de soutien à l’innovation mis en place par la BPI : « Il y a 2 ou 3 ans, les entreprises de technologies en quête de gros tickets, de 30 à 50 millions d’euros, devaient se rendre à Londres ou San Francisco. Aujourd’hui, de tels investissements sont possibles en France, à l’image des 44 millions d’euros que la BPI vient d’investir dans Parrot ». La proposition du directeur général de la BPI de créer un VIE-PME pour permettre aux PME de recruter de jeunes talents a semblé soulever l’enthousiasme de l’audience. «  Nous ne manquons ni de capitaux, ni de compétences. Mais, en dehors des start-up et des grands groupes, beaucoup d’entreprises accusent un retard important dans leur modernisation numérique. Nous devons mettre du capital humain dans les PME », a t-il soutenu.

Frédéric Charles, directeur stratégie digitale et innovation de Suez Smart Solutions, a rebondi sur le thème de la Cloud Week Paris : « Le cloud est mort, vive le cloud » pour considérer que « le cloud est encore comme une belle usine dont on n’a pas encore imaginé le produit qu’elle allait fabriquer. Mais Gutenberg n’a pas attendu l’avènement du marché du livre pour inventer l’imprimerie. Le cloud va trouver son utilité dans les systèmes complexes et notamment dans la ville intelligente ». Au rayon des promesses non tenues, Alexandre Stachtchenko, co-fondateur de Blockchain France, a estimé lui qu’ « Internet a détruit la confiance des utilisateurs » et que la Blockchain peut la restaurer. Il a décrit la Blockchain comme « un protocole numérique gérant un réseau pair-à-pair décentralisé qui enregistre la propriété et crée la confiance ». Il voit beaucoup d’applications possibles à « ce grand registre comptable numérique : en dehors du bitcoin, il pourra par exemple garantir le bio, le made in France ou la non-contrefaçon d’un médicament ».

La santé est l’un des domaines dans lequels investit lourdement IBM, notamment à travers les rachats de Merge Healthcare et de sa plateforme de gestion d’imageries médicales pour 1 milliard de dollars, ou de Truven Health Analytics et ses données médicales sur 300 millions de personnes pour 2,6 milliards de dollars. Nicolas Sekkaki, président d’IBM France, a déclaré que « les capacités cognitives de Watson vont révolutionner la médecine prédictive, la gestion de la relation client et des call-centers ou les méthodes éducatives ». Bernard Bellettante, directeur général de l’EM Lyon Business School, est sur la même ligne en annonçant « l’avis de décès d’une éducation triste, linéaire, statique ». Son credo : « Changer, briser, créer, pour passer de l’âge de l’ORTF à l’ère de Netflix. Exit les amphis, les diplômes sur notes, les longues heures d’apprentissage solitaire, les bibliothèques poussiéreuses. Place à l’apprentissage continu, aux espaces collaboratifs, aux « learning hubs », à la mobilisation des cerveaux ».

En plus du pouvoir d’annoncer, devant un amphi, « la fin des amphis », le cloud a ceci de révolutionnaire qu’il permet à Taïg Khris, ancien champion médiatique de roller, d’envisager tout simplement de devenir  « le 1er opérateur téléphonique mondial », grâce à son invention, « le cloud number », qui mélange les mondes des télécoms et des applis : « Notre appli OnOff rend le numéro de mobile aussi virtuel que l’adresse mail et va permettre à tous de téléphoner depuis n’importe où dans le monde, au tarif local d’accès aux antennes ».OnOff compte déjà 700 000 utilisateurs en France et a levé 5 millions d’euros.

Jean-Gabriel Ganascia, philosophe et professeur à l’Université Pierre et Marie Curie de Paris, reconnaît lui aussi toutes les opportunités liées aux technologies numériques et a voulu à démentir les propos souvent alarmistes tenus au sujet de l’intelligence artificielle, y compris par les acteurs majeurs de son avènement comme Stephen Hawkins, Bill Gates ou Ellon Musk : « Il y a un vrai risque d’une domination de grandes entreprises numériques, qui tentent d’échapper à la volonté politique et dont le poids pourrait remettre en cause les États. Là réside le vrai danger et pas dans des fantasmes décrivant une intelligence artificielle nous dépossédant de notre destin et constituant un danger pour l’homme ».

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