Pour cette seconde conférence des DSI, EuroCloud avait convié Damien Andreani, DSI de Soitec, Konstantin Voyratzis, directeur général du groupe Edenred, David Larose, directeur de l’aménagement numérique à la ville de Drancy, Hubert Tournier et DSI du Groupement des Mousquetaires. Comment conserver la maîtrise du cloud, que manque-t-il dans les offres cloud, quelles sont les nouvelles compétences des DSI ont été autant de problématiques abordées.
La DSI de Soitec, leader mondial des plaques de silicium sur isolant, s’est engagée il y a trois ans dans un ambitieux plan de migration vers le cloud. « 30 % de nos services sont à ce jour ‘cloudifiés’ et ce n’est pas fini », a précisé Damien Andreani, convaincu que le cloud et les services associés sont gages d’économies et même vitaux pour un industriel comme Soitec. Sur la question de la maîtrise du cloud, le DSI est persuadé qu’il faut perdre le contrôle si l’on veut atteindre l’objectif d’un projet cloud. Pour cela, l’industriel s’appuie sur des prestataires dont c’est le cœur de métier. Parmi les critères de sélection figurent l’aspect financier et la maturité des solutions proposées. Fort d’une équipe IT qui « mute pour opérer, acheter, orchestrer de nouveaux services dans le cloud », Damien Andreani dit ne pas trouver assez d’intégrateurs de services cloud sachant accompagner ces projets.
Konstantin Voyratzis, directeur général du groupe Edenred, société leader des services prépayés aux entreprises, présente dans 42 pays, est également convaincu de la nécessité de migrer vers le cloud. Une migration qui selon lui génère 25 % d’économies. Il y a un mois, il signait avec un grand prestataire. Selon lui, la maîtrise du cloud pour un groupe qui gère 50 millions de transactions par mois rien qu’en Amérique du Sud passe par l’obtention de garanties et d’assurance sur des données sensibles. « Il faut des contrats solides pour, en cas de problème, analyser ce qui se passe et s’appuyer sur des juristes extérieurs », a t-il insisté. A ce titre, Konstantin Voyratiz regrette la complexité et la lenteur des processus au niveau des contrats. Chez Edenred, les niveaux de SLA proposés par le prestataire cloud sont étudiés à la loupe.
Pour David Larose, la question d’aller ou pas dans le cloud ne se pose plus. Celui-ci n’a pas hésité à supprimer son poste de DSI après avoir totalement « cloudisé » le SI de cette ville de 90 000 habitants. Aujourd’hui directeur de l’aménagement numérique de la ville, il souhaite pousser encore plus loin le cloud en lançant un appel d’offres pour virtualiser également les réseaux. Avec l’espoir qu’il y aura davantage de compétition au niveau des offres. « Il y a trois ans, lorsque nous avons eu le projet de virtualiser nos 120 serveurs et nos 1 000 postes de travail, Orange nous a dit ça allait coûter cher et SFR ne savait pas faire. Seul OVH a répondu présent. » Si les compétences sont là, le marché des services cloud reste encore trop pauvre, selon David Larose.
La DSI du groupement des mousquetaires mise également sur le cloud, mais avec prudence et au cas par cas, a souligné Hubert Tournier, DSI du Groupement des Mousquetaires et directeur de la Stime, l’entité en charge des systèmes d’information du groupement des Mousquetaires. « Avant de louer de nouvelles capacités d’infrastructure dans le cloud, essayons déjà d’utiliser correctement ce que nous possédons déjà », a-t-il insisté. Enfin, sur ses 600 applications majeures, seules les nouvelles méritent d’être étudiées pour évaluer la pertinence du mode cloud. Aujourd’hui, une quarantaine d’applications sont sur le cloud. La DSI s’intéresse également aux offres IaaS, mais pas PaaS car « la valeur tirée des applications produites est très liée à l’exploitation des bases de données du groupement. Pour qu’une application soit développée sur un PaaS, il faut qu’elle soit périphérique au système d’exploitation et presque jetable. »
Enfin, à la question des nouvelles compétences des DSI à l’heure du cloud, tous se sont exprimés. Pour Konstantin Voyratzis, « le rôle d’un DSI n’est pas de superviser des serveurs, mais de proposer de nouveaux services aux clients et partenaires. » Selon David Larose, la mission d’une DSI dans une mairie est de mieux répondre aux citoyens par des services innovants plus que de monitorer des machines. « Cloud ou non, notre rôle, plus que jamais, est pédagogique et non technologique » a insisté Hubert Tournier. « Il faut accompagner et encadrer cette transition vers le cloud. »