Une table-ronde organisée lors des 11ème États généraux du cloud computing a répondu aux interrogations fréquentes concernant la technologie blockchain : opportunité ou menace ? Est-ce enfin l’assurance d’une sécurité des transactions ? Pour quels usages ?
Michel Rathier, président fondateur d’Altix Solutions et animateur de la table-ronde, a rappelé que la blockchain, en étant le support du bitcoin, a une image un peu sulfureuse alors que « la crypto-monnaie n’est qu’une application de cette nouvelle technologie parmi tant d’autres ». Pour Vincent Hervo, responsable marketing produit chez IDnomic, la blockchain « permet justement d’assurer de la confiance entre deux échangeurs qui ne font justement pas a priori confiance ». C’est en cela qu’elle ouvre le champ des possibles et « peut permettre par exemple de lever des obstacles dans le cadre de l’internet des objets ».
Jean–François Marie, directeur produits, solutions et alliances marketing de NetApp EMEA, a estimé que « la blockchain est un changement radical de la dimension de DevOps : cet outil va révolutionner les échanges et le travail collectif ainsi que la manière de vérifier les identités et les informations. Cette technologie va permettre une meilleure utilisation des opportunités cloud et donc aider à la transition numérique ». Il a également souligné des changements possibles dans la manière de mener des échanges commerciaux : « la blockchain peut permettre à nos clients d’intégrer d’autres intervenants ou à nos partenaires de revendre plus facilement nos services ». Jean-François Marie a enfin évoqué une utilisation à moyen terme, dans le cadre de la nouvelle réglementation européenne, « en permettant de vérifier de manière automatisée l’endroit où se trouve réellement la donnée, ce qui est aujourd’hui impossible et pourtant obligatoire d’ici mai 2018 ».
Quelle est la maturité de la technologie et de ses usages ? Vincent Hervo a constaté que « la manière dont vous utilisez la technologie blockchain a des conséquences sur le résultat final. Il y a des essais et déjà des échecs. Par ailleurs, vous allez avoir besoin d’adapter l’organisation pour adopter la technologie ». Guillaume Hoareau, architecte blockchain chez IBM France, a confirmé « l’importance d’avoir des équipes convaincues ainsi que des responsables métiers qui ont identifié des bons cas d’usage : par exemple, la blockchain n’est pas du tout pour l’instant adaptée au high speed trading ! ».
Au rayon des menaces, Guillaume Hoareau a cité « la désintermédiation à l’extrême, pour ce qui concerne la blockchain publique. Mais le potentiel des blockchains privées est également important par leur promesse d’établir la confiance dans un cercle restreint. Les organisations pourront utiliser cette technologie dans les deux mondes : dans le cloud ou auprès de leurs solutions on-premise ». Vincent Hervo a de son côté estimé que le cadre juridique n’est pas encore bien défini mais sera indispensable : « il y a déjà des tentatives avec des systèmes de label et d’audit par des acteurs tiers qui viennent vérifier que le travail est bien effectué. Les dérives du bitcoin illustrent de toute façon ce qu’est le Far West s’il n’y a pas de sherif ». Guillaume Hoareau a lui aussi souligné « l’importance du régulateur qui peut avoir un rôle amont plus complet, en participant à l’élaboration des contrats et en fournissant des outils communs contrôlables et éditables ».
En réponse à la question « le blockchain est-il green ? », interrogation pertinente compte-tenu du principe de réplication des données inhérent à la technologie, Guillaume Hoareau a déclaré que « des recherches sont menées pour minimiser la quantité de données à échanger ». Il a également évoqué « d’autres développement d’algorithmes de consensus pour compresser les données, ou d’optimisation par la définition de fenêtres pour le passage de patchs de transactions », pour pallier les problèmes de lenteur liés à la technologie.