Il y a quelques jours s’est tenue l’édition 2016 du désormais habituel « OVH Summit », l’occasion de faire le point sur le plus important hébergeur européen.
Le show est désormais rodé : entrée en matière avec un morceau de AC/DC, Octave Klaba (CTO) à la guitare et Laurent Allard (DG) à la basse. Puis, allocution éclair (moins d’une minute montre en main) d’Axelle Lemaire, secrétaire d’État chargée du numérique. Les allocutions se succèdent ensuite plus classiquement, avec une introduction par Laurent Allard, des vidéos, des témoignages de partenaires, dont Capgemini, de start-up ayant utilisé le « Digital Launchpad » lancé au même endroit l’an passé etc.
Puis c’est l’annonce d’une nouvelle marketplace, OVH Together, et les interventions de Jean-Pierre Saad, et de Karim Saddi, représentant respectivement KKR et Towerbrook Capital Partners les investisseurs entrés récemment au capital d’OVH. Mais toutes les quelque 2 500 personnes présentes dans la salle n’attendaient qu’une chose : les annonces faites par Octave Klaba et tout ce qui les en séparait encore était l’intervention « strass et paillettes » – sans doute dispensable et discutable – d’Alexandre Morel, directeur marketing, venu faire un peu de prospective.
Côté annonces
Comme il aime à le faire, Octave Klaba a présenté lui-même les annonces du Summit, nombreuses encore une fois. Il les a scindées en trois, selon les phases d’un projet : le POC (Proof Of Concept), le « scale-out » et le stade de consolidation du projet.
Pour servir le stade de POC, il a annoncé Mobile Hosting, un nouvel univers s’adressant aux développeurs d’applications mobiles, ayant pour ambition de réduire les délais de mise en place des back-end et Cloud desktop, une offre de bureau virtuel (VDI) utilisant Horizon de VMware. S’y ajoutent la V2 de « Over The Box », avec 14 ports et une tarification allégée et la généralisation de SSL, quelle que soit l’offre utilisée et que l’utilisateur soit hébergé chez OVH ou non.
Pour servir le stade « scale-out » du projet, Octave Klaba a annoncé que le réseau OVH faisait désormais le tour du monde avec 10 nouveaux datacenters prévus sur le réseau, dont Singapour, Sydney, la côte est et la côte ouest des États-Unis. Et pour promouvoir ces nouveaux centres de données, OVH va proposer une offre découverte des serveurs dédiés. Pour construire ces nouveaux datacenters, l’hébergeur va s’appuyer sur les récents investissements réalisés (cf. infra). En outre, l’entreprise met le cap sur le cloud hybride avec vRack Connect, vRack dedicated Connect et vRack « Easy » Connect, pour répondre à la demande actuelle. D’autres nouvelles offres concernent également le cloud public et la notion de Cloud Web, avec un hébergement d’autant de sites qu’on le souhaite, pour un tarif forfaitaire. Enfin, le programme Bug Bounty, récompensera de 50 à 10 000 euros de prix toute personne qui signalera d’éventuelles failles de sécurité dans les infrastructures d’OVH, en fonction de l’importance de celle-ci.
Au stade de consolidation du projet, les nouvelles offres concernent la maîtrise de la croissance, avec un nouveau réseau sur les serveurs dédiés, le cloud privé, basé sur les technologies VMware, un partenaire de longue date d’OVH. « Private Cloud » propose deux types d’offres, Dedicated Cloud et SDDC (Software Defined Data Center) pour répondre aux nouvelles attentes des utilisateurs.
Enfin, signalons qu’au moment du Summit, OVH restait en attente de son agrément « hébergeur de données de santé », un agrément qui lui a été accordé depuis.
Octave Klaba conclut son intervention en constatant qu’aujourd’hui, OVH comptait 1 300 personnes. « Mais nos valeurs ne vont pas changer, même si nous passons à 10 000 collaborateurs ».
Côté développement
Car l’ambition d’OVH est bien de croître rapidement : l’entreprise espère réaliser quelque 320 M€ de CA sur l’exercice courant, mais ambitionne de passer à 1,1 milliard d’ici trois ans. Même s’ils ne communiquent pas le détail de leurs activités, du cloud en particulier, ce-dernier « est l’activité qui croit le plus rapidement », selon Laurent Allard. Mais il reste à l’européen encore beaucoup de chemin à parcourir pour jouer dans la cour de ses principaux concurrents américains : un facteur 10 sera nécessaire (AWS par exemple, a généré 8,88 milliards de dollars de chiffre sur son dernier exercice).
Grâce à l’apport d’argent frais récemment injecté dans le capital par KKR et Towerbrook, à hauteur de 250 millions d’euros, ce qui leur confère une participation minoritaire (la famille Klaba conservant une participation majoritaire et le contrôle de la stratégie et des opérations), OVH souhaite surfer sur la croissance rapide du marché du cloud et des services d’infrastructures Internet, en ouvrant notamment de nouveaux datacenters. « Le projet est d’ouvrir 12 datacenters à terme. Pour l’heure, les plans vont jusqu’à septembre 2017 et à cette date, il y en aura 10. Ensuite, nous verrons pour les autres. Et ce sera sans doute plus de 12 », commente Laurent Allard. Mais, « malgré l’iimplication des fonds d’investissement, l’essentiel des capacités de financement demeure de l’auto-investissement », assure-t-il.
Varsovie, Sydney et Singapour sont d’ores et déjà opérationnels, ce qui porte à 20 le nombre total de datacenters OVH actuellement en service, et sept autres centres de données sont attendus d’ici fin 2017, sur les côtes est et ouest des États-Unis, en Allemagne, en Italie, en Espagne, en Angleterre et aux Pays-Bas. Le gouverneur de Virginie s’était d’ailleurs invité au Summit, par vidéo interposée, pour souhaiter la bienvenue à l’hébergeur. Ce datacenter devrait compter quelque 80 000 serveurs à terme. Le cas de la côte ouest semble plus compliqué, mais devrait se résoudre dans les mois qui viennent.
D’autres projets, comme Openstack, par exemple, sont d’ores et déjà dans les cartons pour assurer le développement de la société, même si la croissance externe ne semble pas au menu actuellement : on peut compter sur Octave Klaba pour cela.